Les organisations du réseau Insure Our Future (IOF) ont participé aux assemblées générales de plusieurs compagnies d’assurance européennes et nord-américaines pour évaluer la manière dont elles abordent le risque climatique et la problématique des énergies fossiles. Elles se sont particulièrement intéressées au sujet des nouvelles infrastructures de GNL (gaz naturel liquéfié). Elles ressortent de cette campagne particulièrement déçues par les réponses des compagnies et, plus généralement, par leurs politiques climatiques.
Elles constatent que SCOR reconnaît les effets négatifs des nouveaux projets de GNL mais que l’entreprise n’envisage pas d’adopter de politique spécifique cette année en raison du contexte politique aux États-Unis. Quant à AXA, elle considère toujours le GNL comme une source d’énergie de transition.
En Allemagne, Allianz et Munich Re estiment que le GNL est une source de sécurité énergétique et de transition vers les énergies renouvelables. Insure Our Future fait remarquer qu’aucune des deux entreprises n’est prête à devenir un leader climatique, à l’inverse de Generali qui a dépassé Allianz et qui se classe désormais en première position dans le tableau de bord de l’ONG des compagnies les moins impliquées dans les énergies fossiles. L’assureur italien a, en effet, adopté en octobre 2024 une politique climatique visant à cesser de soutenir l’expansion du pétrole et du gaz sur l’ensemble de la chaîne de valeur, y compris en intégrant dans cette politique les nouveaux terminaux de GNL et les centrales électriques au gaz. Munich Re est l’entreprise la plus réfractaire à adopter une politique pour freiner le développement des énergies fossiles. À la suite de son assemblée générale, Munich Re a annoncé son retrait de plusieurs initiatives climatiques collectives (NZAOA, NZAMI, Action 100+ et IIGCC).
En Suisse (Zurich, Swiss Re, Helvetia), la représentante du mouvement Campax relève que Zurich préfère adopter une approche de dialogue avec les entreprises du secteur des combustibles fossiles, et ce bien que ces dernières continuent d’augmenter leur production. Swiss Re, quant à elle, continue de s’appuyer sur des éléments de la feuille de route de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qui attribue un rôle transitoire au gaz.
Les assureurs étatsuniens demeurent les plus en retard en matière de politiques climatiques. Le Connecticut Citizen Action Group (CCAG) a assisté aux assemblées générales de The Hartford et de Travelers pour leur poser des questions sur les risques financiers liés à l’assurance des sociétés impliquées dans les combustibles fossiles, alors que les assureurs font face à des pertes considérables à cause des événements climatiques catastrophiques. Mais les représentants du CCAG se sont heurtés à des réponses vagues ou défensives de la part des présidents des compagnies d’assurance. De son côté, l’organisation Investors for Paris Compliance (Canada) a déposé une résolution d’actionnaires auprès de Fairfax Financial demandant à la compagnie de divulguer les émissions qu’elle finançait. La proposition n’a recueilli que 18 % des suffrages, mais la direction de Fairfax contrôlait 42 % des votes. En privé, l’entreprise aurait révélé qu’environ 60 % des actionnaires indépendants soutenaient la proposition. Néanmoins, la société a refusé de publier ses résultats et a décliné toute demande de transparence ou de dialogue.