Les PFAS (per- et polyfluoroalkylées) sont des substances chimiques utilisées pour rendre les produits résistants à l’eau, à la graisse et à la chaleur, comme les ustensiles de cuisine antiadhésifs, les mousses extinctrices et les tissus imperméables. Mais elles ne se décomposent pas naturellement et sont aussi appelées « produits chimiques éternels ». Elles peuvent s’accumuler dans l’organisme des êtres humains et des animaux. Même en petites quantités, elles sont associées à des risques graves pour la santé (cancer, perturbations hormonales, problèmes du système immunitaire).
Le 13 mai 2025, le géant chimique 3M a accepté de payer 450 millions de dollars au New Jersey pour mettre un terme aux doléances concernant son rôle dans la contamination du milieu naturel par des PFAS pendant des décennies. Cet accord intervient quelques jours seulement avant un procès qui, s’il avait eu lieu, aurait été le premier aux États-Unis à chercher à déterminer si un fabricant de produits chimiques pouvait être tenu pour responsable par un État d’une contamination environnementale aux PFAS.
Le département de la Protection de l’environnement du New Jersey (Department of Environmental Protection, DEP) a affirmé que l’entreprise avait sciemment fourni des composés PFAS à l’usine DuPont Chambers Works, désormais exploitée par Chemours, pour leur utilisation dans la fabrication de produits comme le Téflon, et ce, bien qu’elle ait eu connaissance de leurs risques pour la santé et l’environnement. 3M a souligné qu’elle n’avait pas reconnu sa responsabilité dans cette transaction et qu’elle avait conclu cet accord pour éviter un long litige. En revanche, aucun accord n’a été trouvé avec les deux autres sociétés impliquées dans cette affaire (DuPont et Chemours).
Éviter un procès représentait un important enjeu non seulement pour le New Jersey, mais aussi pour d’autres États fédérés. Selon le cabinet d’avocats new-yorkais Douglas & London, plus de 15 000 poursuites liées aux PFAS seraient en cours dans l’ensemble du pays. L’enjeu financier est donc considérable et pourrait même, selon certains observateurs, dépasser les 200 milliards de dollars versés par l’industrie du tabac dans les années 90.
C’est pourquoi, aux États-Unis, l’industrie se mobilise pour contrecarrer les réglementations portant sur les PFAS. En 2023, le Minnesota a adopté la loi Amara, qui vise à interdire progressivement les produits contenant des PFAS ajoutés intentionnellement à partir du 1er janvier 2025 (pour 11 produits dont les ustensiles de cuisine) et à les bannir totalement en 2032. C’est la réglementation la plus stricte du pays.
La Cookware Sustainability Alliance (CSA) est une organisation basée en Californie qui regroupe des fabricants d’ustensiles de cuisine, parmi lesquels SEB et ses filiales Tefal et All-Clad. Le 6 janvier 2025, la CSA a demandé à un tribunal fédéral du Minnesota une injonction préliminaire à l’encontre de cette loi, arguant qu’elle était inconstitutionnelle et qu’elle discriminait les fabricants de l’État par rapport aux autres. Elle prétendait aussi que la loi Amara interdisait à tort la vente d’ustensiles de cuisine contenant des fluoropolymères, le revêtement antiadhésif des poêles. Elle affirmait que les fluoropolymères étaient des composés fondamentalement différents des produits chimiques à l’origine des inquiétudes concernant les PFAS.
Le 25 février 2025, le tribunal de district des États-Unis pour le district du Minnesota a rendu une ordonnance rejetant la requête de la CSA. Il a notamment précisé dans son jugement que, lorsque la loi Amara a été promulguée, au moins un fabricant du Minnesota, Nordic Ware, utilisait des PFAS dans ses ustensiles de cuisine. Plutôt que de contester la loi devant les tribunaux, l’entreprise a choisi de cesser la production d’ustensiles de cuisine contenant des PFAS en 2024. De leur côté, les filiales de SEB se conforment désormais à la législation et ne commercialisent plus certains produits antiadhésifs dans le Minnesota.
En France, en 2024, le député écologiste Nicolas Thierry avait déposé une proposition de loi prévoyant d’interdire un certain nombre de produits contenant des PFAS d’ici le 1er juillet 2025, et tout produit comportant cette substance (à l’exception d’une liste définie par décret) d’ici le 1er juillet 2027. À la suite de nombreuses réactions, et notamment des protestations, à l’unisson, du directeur général de SEB, des syndicats du groupe et de ses salariés, la proposition avait été amendée. Les produits destinés à entrer en contact avec les denrées alimentaires comportant des PFAS, parmi lesquels les ustensiles de cuisine, ont alors été ajoutés à la liste des exceptions.