Les activités commerciales liées aux zones de conflit restent un sujet insuffisamment pris au sérieux par les entreprises

Le renforcement de la guerre commerciale initié par l’administration Trump et l’annonce d’une trêve partielle dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine poussent certaines firmes à réétudier les relations qu’elles entendent entretenir avec la Fédération de Russie. C’est le cas des sociétés sud-coréennes, qui accélèrent leurs études de faisabilité pour la reprise de leurs opérations en Russie.

Ainsi, LG Electronics a partiellement repris ses activités dans son usine d’appareils électroniques de Moscou. Cho Joo-wan, son P.-D.G., a déclaré le 25 mars 2025 que la société était toujours « prudente car la guerre n’est pas terminée », mais qu’elle surveillait de près la situation afin de reprendre pleinement ses activités dès la levée des sanctions. De son côté, HD Hyundai Electric participera, par l’intermédiaire d’un distributeur local, à Elektro 2025, le plus grand salon électrique de Russie. Hyundai Motor a vendu son usine de Saint-Pétersbourg en décembre 2023 pour 10 000 roubles (110 euros). Le contrat était assorti d’une clause lui permettant de la racheter dans un délai de deux ans, et le groupe a récemment publié des offres d’emploi en Russie.

La problématique des relations commerciales dans un contexte de conflit se pose dans d’autres cas. Le 18 mars, Google a annoncé avoir conclu un accord pour l’acquisition de la start-up israélienne Wiz pour un montant de 32 milliards de dollars (29,6 milliards d’euros). Il s’agit d’une société de sécurité cloud fondée par d’anciens membres de l’Unité 8200, un groupe d’élite de cyberespionnage et de surveillance de l’armée israélienne. En février dernier, Google a abandonné son engagement de ne pas utiliser l’intelligence artificielle dans le développement d’armes et d’outils de surveillance. Selon des observateurs, les discussions pour que le géant du Net acquière Wiz auraient pris de l’ampleur après le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. No Tech for Apartheid, une coalition de salariés de Google faisant campagne contre les relations de l’entreprise avec Israël, et des groupes de défense des droits humains ont exprimé de sérieuses inquiétudes quant à de potentielles complicités dans des violations des droits humains.

Le risque de violation des droits humains dans les zones de conflit est aussi présent au Soudan. Depuis avril 2023, la guerre civile s’est intensifiée dans ce pays. Les Forces de soutien rapide (RSF, en anglais) paramilitaires se sont emparées des principales régions productrices de gomme arabique (Kordofan et Darfour). Or, le Soudan fournit environ 80 % de la production mondiale de gomme arabique, un ingrédient essentiel dans la fabrication de certains produits alimentaires et de beauté. Cette marchandise fait l’objet d’un trafic depuis les zones contrôlées par les RSF et est acheminée vers les pays voisins. Les associations de défense des droits humains craignent que l’opacité des circuits ne favorise l’introduction de gomme liée au conflit dans les chaînes d’approvisionnement de grandes marques telles que L’Oréal et Nestlé.