Une majorité de salariés de Meta sont contre la suppression de son programme de vérification des faits et de sa politique de diversité

L’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche a donné un coup d’accélérateur aux prises de position opposées aux principes de la responsabilité élargie des entreprises et de l’investissement responsable. Avant les élections, les secteurs des nouvelles technologies et des plates-formes étaient déjà très réticents à instaurer des dispositifs visant à filtrer les messages à caractère haineux ou à brider l’émission d’informations douteuses par les internautes.

Depuis la fin de l’année dernière, les hésitations se sont largement dissipées. Meta a ainsi décidé de mettre un terme à son programme de vérification des faits aux États-Unis. Certaines insultes jusqu’ici explicitement interdites et visant les personnes LGBTQ+, les femmes et les migrants ne le sont plus dans la nouvelle politique du groupe publiée le 7 janvier 2025. Le 10 janvier, Meta a également mis fin à sa politique DEI (diversité, équité, inclusion) avec effet immédiat.

La plate-forme sociale professionnelle Blind a mené une enquête auprès de 965 employés de Meta entre le 16 et le 19 janvier 2025, qu’elle a ensuite publiée le 23 janvier. Ce sondage fait ressortir que 42 % des personnes interrogées sont en désaccord avec l’abolition des programmes de vérification des faits, et que seulement 36 % sont favorables à cette initiative (22 % ne se prononcent pas). Une majorité des employés (45 %) considère que la vérification des faits par des tiers a un impact positif sur le service rendu par l’entreprise, alors que 34 % estiment qu’elle a un impact négatif. Parmi ceux qui estiment que les effets du programme sont positifs, la plupart soulignent son rôle dans la prévention de la propagation de fausses nouvelles. Ceux qui lui confèrent des effets négatifs insistent souvent sur la création de biais dans les informations diffusées.

Une faible majorité des salariés (45 %) a également exprimé son désaccord avec l’arrêt des programmes DEI par Meta, tandis que 43 % sont favorables à cette décision. Pour 44 % des employés interrogés, ces initiatives avaient un impact positif sur l’entreprise, et pour un grand nombre d’entre eux, elles jouaient un rôle important dans la « promotion de l’innovation ». À l’inverse, 38 % des salariés estiment que les actions DEI avaient un rôle négatif, en orientant notamment l’entreprise vers de la « discrimination à l’encontre de la majorité ». À ce sujet, un répondant a déclaré : « Nous n’avons pas mis fin au DEI. Nous avons réorienté le DEI pour nous concentrer sur l’embauche de MAGA [Make America Great Again, NDLR]. »

Le 10 janvier, Blind avait édité une autre enquête auprès d’un échantillon de plus de 4 700 personnes de la population étatsunienne sur la décision de Meta de mettre un terme à ses initiatives en faveur de la diversité. Environ 60 % des personnes avaient répondu que cette décision était la bonne. Certains observateurs considèrent que cet état d’esprit pourrait présager un changement de posture dans la Silicon Valley, car certaines personnes talentueuses pourraient se détourner des entreprises qui pratiquent la DEI. Cela pourrait ainsi inciter d’autres sociétés à suivre l’exemple de Meta afin d’attirer les meilleurs talents.