« Drill, baby, drill » (« Fore, chéri, fore ») est l’un des slogans martelés à l’envi par Donald Trump à l’occasion de la campagne de la dernière élection présidentielle outre-Atlantique. Scandé par les républicains depuis 2008 et par Sarah Palin, la colistière de John McCain, lors de l’élection de 2008, ce mantra affirme la volonté du nouveau locataire de la Maison-Blanche de promouvoir à tout prix l’exploitation pétrolière sur le territoire américain. Mais, le 6 janvier 2025, à quelques jours de l’investiture de Donald Trump, le président Biden a publié deux mémorandums présidentiels visant à protéger l’ensemble du plateau continental extérieur des États-Unis en vertu de l’article 12(a) de la loi sur les terres du plateau continental extérieur (§1341).
Cette décision interdit toute future concession pétrolière et gazière dans ces zones. Elles portent sur une superficie de 625 millions d’acres à l’intérieur des eaux territoriales (2,5 millions de km2). L’American Petroleum Institute a évidemment exhorté les décideurs politiques à utiliser tous les outils à leur disposition pour annuler cette décision. Mais en ayant recours à une loi fédérale plutôt qu’à un décret, l’interdiction est, en principe, définitive.
Durant son premier mandat, Donald Trump n’était pas parvenu à annuler une mesure similaire prise par Barack Obama. Celle-ci avait protégé les eaux de l’océan Arctique contre les forages. L’association de défense de l’environnement Earthjustice avait poursuivi Donald Trump contre cette tentative et avait gagné. En 2019, la Cour d’appel du neuvième circuit avait ainsi confirmé que les eaux protégées par Barack Obama ne pouvaient plus faire l’objet de concessions pour le forage de pétrole ou de gaz naturel. Dans le cas présent, il est probable que la seule solution soit que le Congrès modifie entièrement la loi. Mais les républicains n’y disposent que d’une faible majorité, ce qui rend cette voie incertaine quant à son issue.
Le 6 janvier était aussi la date limite pour que des compagnies soumettent une offre concernant des concessions pétrolières et gazières dans la réserve faunique nationale de l’Arctique en Alaska. Le 8 janvier, le ministère de l’Intérieur a indiqué qu’aucune offre n’avait été soumise. Une loi de 2017 prévoyait de proposer deux ventes de baux dans la plaine côtière de la réserve d’ici fin 2024. Les grandes compagnies pétrolières n’ont pas participé à la première.
Concernant le deuxième bail, le Bureau of Land Management des États-Unis, qui dépend du ministère de l’Intérieur, a déclaré que sa proposition évitait les zones importantes de mise bas des ours polaires et des caribous, et présentait la plus faible empreinte de perturbation de surface potentielle. Mais les dirigeants des communautés gwich’in considèrent la plaine côtière comme sacrée et invoquent aussi son importance pour les troupeaux de caribous dont ils dépendent. Ils s’opposent donc à tout forage dans cette région. À l’inverse, les leaders de la communauté inupiaq de Kaktovik soutiennent le forage et estiment qu’une exploitation pétrolière responsable est essentielle au bien-être économique des communautés de la région. Mais les informations sur la quantité et la qualité du pétrole qui se trouve dans la zone sont limitées. À la suite de cette annonce, l’association Earthjustice a déclaré que le manque d’intérêt des compagnies pétrolières semble indiquer que pour elles, « forer dans ce paysage isolé est trop risqué, trop compliqué et tout simplement inacceptable ».