La Mauritanie est le deuxième pays africain après le Niger à ratifier le protocole de 2014 relatif à la convention de 1930 sur le travail forcé, qui vise à lutter contre toutes les formes d’esclavage. L’OIT (Organisation internationale du travail) estime que dans le monde, 21 millions de personnes sont concernées par le travail forcé, qui génère 150 milliards de dollars de profits. La Mauritanie compterait à elle seule 300 000 travailleurs exploités. Depuis le début des années 2000, le pays a mis en place plusieurs législations pour lutter contre le travail forcé, comme la loi sur la suppression de la traite (2003) ou la criminalisation de l’esclavage. Le ministre du Travail a, en outre, interdit la délivrance de visas à destination de l’Arabie saoudite, connue pour tolérer certaines pratiques d’esclavage. Mais si le gouvernement assure que ces agissements n’existent plus en Mauritanie, les syndicats et militants locaux affirment qu’ils sont encore très répandus et que les personnes libérées sont toujours victimes de discrimination. Ces militants sont du reste souvent emprisonnés pour avoir dénoncé les pratiques esclavagistes de personnages officiels. Selon Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale, seule une lutte globale contre le travail forcé permettrait d’y mettre un terme. Elle appelle l’ensemble des gouvernements à se mobiliser, la problématique étant mondiale. Les entreprises multinationales ont également un rôle important à jouer en renforçant les contrôles sur leur chaîne d’approvisionnement, les sous-traitants auxquels elles font appel dans les pays en développement étant susceptibles d’avoir recours au travail forcé.