Pays de 34 millions d’habitants, la Malaisie se situe aux alentours du 30e rang mondial par son PIB mesuré en parité de pouvoir d’achat (PPA). Celui-ci a augmenté de 170 % depuis le début du siècle. À titre de comparaison, celui de la France a progressé de 27 % sur la même période. La Malaisie est en passe d’accéder au rang de pays à haut revenu. Cela étant, les conditions de travail restent précaires dans certains secteurs d’activité, en particulier pour les travailleurs migrants, le salaire minimum y est très bas (1 500 ringgits par mois, soit 320 euros)… Par ailleurs, les syndicats sont très mal représentés. On estime que moins de 6 % des salariés sont syndiqués, la plupart le sont dans le secteur public, et que 2 % des travailleurs seulement sont couverts par une convention collective.
Le 14 décembre 2021, les 579 salariés de Valeo Malaysia Sdn Bhd ont, à 56,82 %, voté en faveur d’une représentation syndicale affiliée au NUTEAIW (National Union of Transport Equipment & Allied Industries Workers) pour assurer les négociations collectives et le règlement des conflits du travail au sein de l’entreprise. La firme a cependant refusé de reconnaître le syndicat et a déposé un recours auprès de la Haute Cour de Penang. Elle a justifié sa position en affirmant que le directeur général du Department of Industrial Relations avait omis de prendre en considération un point essentiel dans le traitement de la demande de reconnaissance du syndicat. L’entreprise a prétendu qu’elle avait obtenu des lettres manuscrites de travailleurs qui témoignaient d’un « lavage de cerveau » de la part des représentants syndicaux et qui n’avaient jamais été soumises au directeur général pour examen avant l’octroi de la reconnaissance.
Le juge Quay Chew Soon a toutefois déclaré que la décision du directeur général était exempte d’illégalité, d’irrationalité, de caractère déraisonnable ou d’irrégularité procédurale. En appel, la juge Azizah Nawawi a confirmé ce jugement en affirmant que la société n’avait pas déposé de plainte précise concernant les violations présumées du directeur général, bien qu’elle ait eu deux mois pour le faire. Enfin, fin septembre 2024, un tribunal fédéral a rejeté la demande d’appel de Valeo Malaysia Sdn Bhd. Le tribunal a déclaré que les questions de droit posées par la société ne satisfaisaient pas aux critères requis en vertu de l’article 96 de la loi sur les tribunaux judiciaires de 1964. Pour l’employeur, il s’agissait de la dernière possibilité de s’opposer à la constitution d’un syndicat.