Les meurtres des défenseurs de l’environnement ne faiblissent pas. La Colombie est toujours le pays le plus dangereux au monde

Selon le dernier rapport de Global Witness, publié le 9 septembre 2024, au moins 196 défenseurs de l’environnement ont été assassinés en 2023, soit trois personnes par semaine. La Colombie détient le triste record du plus grand nombre d’assassinats en une année (79 personnes). Depuis 2012, Global Witness a recensé 461 meurtres de défenseurs de la nature dans ce pays. Le Honduras, avec 18 militants tués, a enregistré le plus grand nombre de meurtres par habitant en 2023. Le Brésil, la Colombie, le Honduras et le Mexique ont représenté 70 % des meurtres. En Asie, le record est détenu par les Philippines (17 assassinats). Depuis que l’organisation a commencé son recensement en 2012, plus de 2 100 défenseurs de la nature ont été tués.

Ces chiffres sont sans doute très sous-estimés en raison de l’éloignement des endroits où les attaques ont généralement lieu, de la peur des représailles et de la dissimulation par les gouvernements des informations sur les meurtres. De plus, le rapport ne couvre que 22 pays et souligne le manque d’informations pour le continent africain, la Russie, l’Iran et la Chine.

Les peuples autochtones représentent environ 43 % des défenseurs des droits humains tués en 2023. Cela s’explique en partie par l’indifférence dont leurs droits font l’objet de la part des entreprises et des gouvernements. La plupart des attaques n’entraînent aucune enquête ni aucune sanction. Cela est aussi dû au fait qu’ils occupent des terres qui abritent près de 80 % de la biodiversité terrestre, et qui recèlent de grandes quantités de minéraux, de métaux et de combustibles fossiles. L’industrie minière est le secteur le plus souvent associé aux meurtres de défenseurs des droits humains. La demande croissante pour les minéraux et les métaux utilisés dans les technologies à faible émission de carbone présagent un avenir sombre.

Le meurtre n’est pas la seule pratique employée pour réduire au silence et intimider les défenseurs de la nature. Ils sont également la cible de harcèlement, de criminalisation et de campagnes de diffamation de la part des entreprises, des gouvernements et des groupes criminels, qui les accusent d’être opposés au développement.

En octobre prochain, la Colombie accueillera la Conférence des Parties de la Convention sur la diversité biologique (COP16). L’un des objectifs de la conférence est de mettre en exergue la voix des personnes qui protègent les écosystèmes, car leur action profite à tous. Espérons qu’elle permettra de mieux la relayer dans tous les milieux, y compris dans les mondes des affaires et financier.