Devant la charge de travail, dont une grande part est d’ordre administratif, les responsables de RSE sont épuisés

Le champ d’activité, voire les prérogatives, des personnes responsables de la RSE dans les entreprises s’élargit. De fait, leur charge de travail s’alourdit avec, parfois, des conséquences sur leur santé. Le 15 mai 2024, la revue britannique Eco-Business a publié un article sur la situation. Fin 2023, le cabinet de recrutement spécialisé dans le développement durable Acre a mené une étude auprès de 2 253 professionnels du développement durable (en Europe, en Amérique du Nord et en Océanie).

L’étude mettait en évidence qu’un tiers des personnes interrogées disaient qu’elles n’étaient pas satisfaites des ressources dont elles disposaient pour mener à bien leur mission. La revue a donc questionné les responsables RSE d’entreprises installées en Indonésie, à Hong Kong et à Singapour pour notamment comprendre pourquoi ils étaient de plus en plus sujets à des formes d’épuisement professionnel. Il ressort de l’enquête que la multiplication des attaques à l’encontre des politiques RSE des entreprises fait grimper la pression sur les personnes qui en ont la charge. Cela peut générer un sentiment d’isolement lorsque cette pression n’est pas compensée par un soutien adapté de la part de la direction générale.

Par ailleurs, et bien que globalement, la progression des ressources dédiées soit réelle, celles-ci restent insuffisantes par rapport à l’augmentation des besoins. Cela implique un recours accru aux cabinets de consultants. De plus, le métier de responsable en RSE évolue, se complexifie, son champ s’élargit considérablement, et en interne, les différents services s’attendent à ce que la personne en charge de la RSE soit un ou une spécialiste multicarte constamment à jour. Il arrive aussi, en particulier dans les sociétés où la question du développement durable est relativement récente, que les personnes chargées de la RSE cumulent cette fonction avec celle qu’elles exerçaient jusqu’alors.

Il faut également convaincre de nombreuses personnes en interne de changer des habitudes profondément enracinées. Ce n’est pas toujours évident, surtout lorsqu’on ne bénéficie pas d’un soutien appuyé de la part de la direction générale. Cela peut même engendrer des attitudes hostiles chez certains responsables. De plus, il est rarement facile de démontrer que le développement durable crée de la valeur, ce qui peut avoir des répercussions budgétaires en période de vaches maigres. Certains responsables RSE interrogés soulignent également qu’il est difficile de se fixer des limites en raison de la nature même de la fonction. Cela a des conséquences sur la longueur des listes de tâches à réaliser.

Les responsables en RSE placent leurs espoirs dans plusieurs évolutions pour alléger et réorganiser leur volume d’activité. La convergence des référentiels de reporting pourrait, à moyen terme, avoir des effets positifs sur une charge de travail importante. L’intelligence artificielle pourrait aussi y contribuer, même si son apport sera probablement limité, à tout le moins dans un premier temps. En tout état de cause, pour éviter l’épuisement professionnel, il faut accepter de faire des compromis, s’appuyer sur un réseau de pairs, savoir prendre du recul…

 

Parallèlement, la société britannique Mitie a publié le 21 mai 2024 les résultats d’une enquête menée auprès de 500 décideurs en développement durable dans des organisations installées au Royaume-Uni. Celle-ci fait ressortir que 7 professionnels sur 10 estiment que l’augmentation de la charge de reporting (interne et externe) exerce une telle pression sur leurs équipes que ces dernières risquent de ne pas être en mesure de mettre en œuvre des programmes efficaces. Plus d’un tiers (37 %) des personnes interrogées ont déclaré qu’elles cherchaient activement à externaliser le reporting et les divulgations pour gagner du temps.