À nos yeux, les océans ont longtemps semblé infinis. Aujourd’hui, nous nous rendons compte que les activités humaines mettent sérieusement en danger cette immensité (pollution aux plastiques, marées noires, trafic maritime intense, surpêche, exploitation pétrolière, gazière et minière, etc.). Lors de la COP27 en novembre 2022, le président français Emmanuel Macron a créé la surprise en annonçant que la France soutenait l’interdiction de toute exploitation des grands fonds marins dans les eaux internationales. Les associations lui demandent toutefois d’agir pour que cette interdiction soit effective. Les cétacés sont menacés par ces activités. Un article, publié le 14 février 2023 par la plate-forme scientifique Frontiers in Marine Science, explique pourquoi l’exploitation minière en haute mer pourrait être catastrophique pour ces animaux.
Les chercheurs affirment que les activités minières en eaux profondes produiraient probablement une gamme de bruits dont les fréquences chevaucheraient celles émises par les cétacés pour communiquer (recherche de nourriture, interactions sociales, reproduction). Cela entraînerait potentiellement des changements de comportement chez ces animaux. Ces sons anthropiques couvriraient différentes fréquences provenant des équipements utilisés dans les opérations au travers d’un processus appelé « masquage auditif ». Les cétacés pourraient également être affectés par les panaches de sédiments produits par les véhicules miniers sur les fonds marins. De plus, les scientifiques s’inquiètent des opérations minières qui pourraient cibler les monts sous-marins, riches en métaux nécessaires aux technologies liées aux énergies renouvelables. Ceux-ci sont connus comme étant des habitats offshore importants pour certaines populations de cétacés qui s’y nourrissent ou se regroupent autour d’eux.
Les partisans de l’exploitation minière en haute mer affirment que cette activité générera un approvisionnement substantiel de métaux requis pour la transition vers des sources d’énergie respectueuses du climat. Ils ajoutent que l’exploitation minière des fonds marins sera beaucoup moins destructrice que l’exploitation minière terrestre.
Mais les auteurs de l’article estiment que nous manquons encore de connaissances de base sur ces fonds marins et ces écosystèmes fragiles. Ils soulignent que la plupart des évaluations de l’impact potentiel de l’exploitation minière en eaux profondes sur la biodiversité se sont concentrées sur « les espèces associées aux fonds marins et non sur la mégafaune marine mobile » comme les baleines et les dauphins. Pour eux, il est essentiel que des évaluations scientifiques sérieuses et indépendantes soient réalisées sur le bruit lié à l’exploitation minière et sur son impact sur les cétacés. Ces recherches prendront du temps, mais elles sont indispensables avant toute exploitation minière commerciale.