Des milliers de personnes ont perdu la vie, et des centaines de milliers d’autres ont été déplacées au cours du conflit qui, entre fin 2020 et fin 2022, a opposé le gouvernement éthiopien et les forces rebelles de la région du Tigré. Dès le 13 janvier 2022, la société Meta Platforms, propriétaire du réseau social Facebook, a indiqué qu’elle allait étudier la faisabilité de commanditer une évaluation indépendante quant à l’impact de son activité sur les droits humains en Éthiopie.
Malgré cela, le groupe n’a pas pris les mesures nécessaires pour faire cesser les messages de haine sur ses plates-formes. Une plainte a d’ailleurs été déposée contre Meta devant la Haute Cour du Kenya le 13 décembre 2022. Celle-ci réclamait notamment à la société de mettre en place deux fonds pour les victimes de contenus haineux et de messages sponsorisés comportant de la haine, pour un montant d’environ 2 milliards de livres sterling (2,3 milliards d’euros).
Le 30 octobre 2023, Amnesty International a publié un nouveau rapport dans lequel l’association montre que la firme n’est pas parvenue à freiner de manière adéquate la propagation de contenus prônant la haine et la violence qui ciblaient les Tigréens, et ce, en dépit des avertissements des acteurs de la société civile.
L’ONG précise avoir eu connaissance de documents internes ayant fait ressortir que dès 2020, Meta était consciente des insuffisances de ses mesures d’atténuation en Éthiopie. L’entreprise connaissait aussi les risques que ces lacunes présentaient dans un pays qu’elle considérait elle-même comme présentant un risque élevé de violence. Le groupe a déclaré qu’il ne pouvait commenter ce rapport, car son contenu soulève des questions qui font actuellement l’objet d’un litige l’impliquant devant la Haute Cour du Kenya.