Les manifestations qui ont émaillé le Bangladesh début novembre suite à l’annonce de la revalorisation du salaire minimum dans le secteur textile ont causé la mort d’au moins quatre personnes ainsi que de nombreux blessés. Les organisations syndicales estiment aussi que 23 000 salariés du secteur de l’habillement ont fait l’objet de poursuites judiciaires. Plusieurs centaines d’usines auraient également été dégradées. Pour rappel, les organisations patronales avaient proposé d’augmenter de 25 % le salaire minimum qui s’établissait à 8 000 takas (68 euros) depuis 2019. Suite aux violences qui ont duré plusieurs jours, le gouvernement a finalement accepté de porter ce minimum à 12 500 takas.
Mais ce montant reste loin des 23 000 takas réclamés par les syndicats, les manifestants et les grévistes. La question visant à accorder un salaire décent aux salariés des industries et des pays à bas coût de main-d’œuvre est récurrente. Depuis plusieurs décennies, elle est au centre de la responsabilité élargie des entreprises lorsqu’il s’agit d’examiner les conditions de travail chez les fournisseurs et sous-traitants des donneurs d’ordre. Les solutions peinent à émerger. Pour un donneur d’ordre, la première étape consisterait à dresser une cartographie précise du coût des besoins fondamentaux (alimentation, logement, éducation des enfants, transport, soins médicaux, transport…). Il existe des outils.
Le Bangladesh Institute of Labour Studies (BILS), par exemple, estime que, à Dhaka, le coût moyen mensuel des besoins pour une famille qui dépend du secteur de l’habillement est de 33 368 takas. Par ailleurs, les données gouvernementales évaluent à 1,46 le nombre moyen de personnes rémunérées dans une famille dépendant du textile. Par personne, le salaire moyen nécessaire pour permettre à une famille de vivre dignement s’élèverait donc à 22 855 takas, ce qui est très proche des revendications syndicales. Pour une entreprise, établir une cartographie des besoins dans chaque région d’un pays où elle s’approvisionne représenterait une certaine quantité de travail. Mais celle-ci n’est pas insurmontable et, surtout, elle est incontournable pour pouvoir justifier une démarche responsable.