En réponse aux violentes manifestations qui ont eu lieu début novembre 2023 au Bangladesh pour protester contre l’augmentation dérisoire du salaire minimal proposée par les organisations patronales du secteur textile, le gouvernement a fixé cette rémunération plancher à 12 500 takas par mois (105 euros). C’est plus que la proposition patronale, mais c’est loin du salaire vital moyen estimé à 23 000 takas. Les organisations qui œuvrent pour une amélioration des conditions de travail chez les fournisseurs et sous-traitants des grands donneurs d’ordre soulignent souvent que les violations des droits sociaux fondamentaux résultent notamment de la pression exercée par les grandes firmes sur les prix d’achat.
Suite à cette revalorisation du salaire minimum, la marque suédoise H&M a été la première à déclarer aux usines de confection avec lesquelles elle travaille au Bangladesh qu’elle répercuterait l’augmentation des salaires sur le prix des articles achetés. Cette décision a été suivie par d’autres enseignes et relayée, sans analyse, par une partie de la presse internationale. Le collectif Clean Clothes Campaign s’est élevé contre cette annonce qu’il juge empreinte de satisfaction inconvenante.
Tout d’abord parce que, compte tenu du taux d’inflation depuis la précédente revalorisation en 2018, l’augmentation salariale réelle n’est que de 14 %. Rapportée à la part que représente le coût de la main-d’œuvre dans le prix de vente d’un vêtement (entre 2 % et 5 % selon des estimations communément admises), l’augmentation actualisée du prix d’achat est insignifiante. Ensuite, parce que cette décision entérine un statu quo qui maintient à un niveau indécent le niveau de vie des ouvrières et des ouvriers de sous-traitants des grandes marques. De plus, cette pratique contredit les déclarations des enseignes selon lesquelles elles assurent des salaires décents et entretiennent des relations de long terme avec leurs fournisseurs.