La pêche et, plus largement, la collecte et l’élevage des produits de la mer sont des secteurs hautement risqués sur le plan du respect de l’environnement et des droits humains. Qu’il s’agisse des élevages de crevettes et de saumons ou de la pêche au thon, ces activités font régulièrement l’objet de controverses. Le 8 novembre 2023, l’association écologiste Bloom a publié une étude dans laquelle elle passe en revue les pratiques des principales grandes enseignes de distribution d’Europe occidentale en matière d’approvisionnement en thon tropical. L’ONG leur a attribué deux notes allant de 0 à 10. L’une évalue leur degré de coopération, l’autre l’ambition de leurs politiques d’achat.
L’association rappelle les violations environnementales et humaines régulièrement observées dans la pêche au thon tropical : surpêche, pêche de juvéniles, prises accessoires massives, pollution électronique et plastique, destruction de récifs coralliens, pratiques de recrutement trompeuses, exploitation des personnes sur les navires et dans les usines de transformation, travail forcé, abus physiques et verbaux… Bloom souligne que la plupart des enseignes utilisent des expressions mensongères comme « démarche responsable » ou arborent le label MSC « qui ne donnent aucune garantie fiable sur la durabilité des pêches ni même sur la traçabilité de la chaîne de transformation ».
Marks & Spencer est la seule enseigne à avoir fourni à Bloom l’intégralité de ses données d’approvisionnement en thon (marques propres et nationales). La plupart des autres ne mentionnent même pas les mesures prises pour s’assurer du respect des droits sociaux dans la chaîne d’approvisionnement.
Parallèlement, l’association a mis en demeure la société Carrefour pour manquement à son devoir de vigilance. L’essentiel du thon vendu par l’entreprise provient de la pêche industrielle dont les effets sont, pour le moins, délétères. Pourtant, l’ONG constate que certains produits proposés par l’enseigne sont estampillés « démarche responsable ». De plus, l’entreprise s’approvisionne auprès d’armateurs industriels comme Fong Chun Formosa, Thai Union et Dongwon Group dont les produits proviennent régulièrement de pêcheries illégales ou illicites.