Pourvoyeurs de main-d’œuvre bon marché, les pays les moins avancés sont les principales sources d’approvisionnement de l’industrie de la mode et du textile. Les délocalisations sont allées bon train au cours des dernières décennies. Le mouvement se poursuit et investit de nouveaux territoires, notamment en Afrique du Nord et de l’Est. Pour autant, cela fournit des emplois dans les pays concernés.
Mais certains gouvernements organisent la répression pour entretenir des conditions de travail et des salaires indécents. Cela pose clairement la question de savoir s’il faut ou non rester dans les pays concernés. C’est le cas du Cambodge, dont le parti du Premier ministre Hun Sen a remporté haut la main les élections législatives du 23 juillet dernier. Le résultat de ces élections truquées conforte encore la position du Premier ministre, qui envisage maintenant de passer la main à son fils Hun Manet.
Mais un autre pays fait aussi l’objet de toutes les attentions : la Birmanie (Myanmar). Le 8 août 2023, le Mécanisme d’enquête indépendant pour le Myanmar des Nations Unies a présenté son rapport annuel. Ce document précise qu’il « existe des preuves solides que l’armée du Myanmar et ses milices affiliées commettent des crimes de guerre de plus en plus fréquents et flagrants ». Sur le plan des conditions de travail, en septembre 2022, un collectif regroupant des ONG, des syndicats et des entreprises a estimé qu’il était impossible de respecter les droits humains dans le secteur de l’habillement au Myanmar. Depuis, ONG et syndicats font pression sur les donneurs d’ordres pour qu’ils se retirent du pays.
Le géant suédois de la mode H&M fait partie des sociétés qui ont été la cible de ces initiatives. À la suite d’interventions lors de son assemblée générale et d’un rapport sur des maltraitances infligées aux ouvriers de ses sous-traitants, le groupe a déclaré, le 16 août, qu’il arrêterait de s’approvisionner au Myanmar. Cette sortie devrait s’opérer progressivement pour permettre de négocier des conditions équitables avec les représentants des salariés et apporter une solution aux cas de violations des droits des travailleurs qui restent en suspens. Cette résolution fait suite à une décision identique annoncée le 27 juillet par le numéro un mondial de la mode Inditex.