Les Équatoriens décident d’arrêter l’exploitation pétrolière dans un parc national

Le 20 août, avec presque 60 % des voix, les Équatoriens ont voté lors d’un référendum pour stopper l’exploitation pétrolière du bloc 43-ITT du parc national Yasuní, situé en Amazonie. Le bloc 43-ITT (Ishpingo-Tambococha-Tiputini) est l’un des quatre gisements exploités dans le parc, mais il est le plus récent (2016) et le plus productif. Il représente près de 12 % de la production pétrolière de l’Équateur. Le parc couvre plus de 1 million d’hectares, et abrite 610 espèces d’oiseaux, 139 d’amphibiens et 121 de reptiles. La zone héberge aussi les Tagaeri, les Taromenane et les Dugakaeri, des communautés autochtones qui vivent en isolement volontaire. Cette décision permettra de garder sous terre environ 726 millions de barils de pétrole.

En 2007, le président nouvellement élu, Rafael Correa, avait offert la possibilité de conserver quelque 850 millions de barils dans le sol du champ pétrolifère. Un fonds avait été créé à cet effet pour recevoir de la communauté internationale la moitié de la valeur estimée des réserves pétrolières (3,6 milliards de dollars). L’argent ne devait pas être versé au gouvernement équatorien, mais administré par le programme de développement des Nations Unies, en collaboration avec un conseil composé de peuples autochtones, de communautés locales, d’universitaires… Il était prévu qu’il finance des projets hydroélectriques et solaires ainsi que des programmes sociaux. Mais le fonds n’est parvenu à récolter que 13 millions de dollars. En 2013, Rafael Correa a donc mis fin à cette initiative et a donné son feu vert au forage pétrolier sur cette parcelle de forêt tropicale.

Le vote du 20 août constitue un coup dur pour la compagnie pétrolière nationale Petroecuador. Le 16 août, l’agence de notation Fitch a abaissé la note de crédit de l’Équateur à CCC+. L’agence cite le risque politique et sécuritaire du pays, mais aussi une diminution prévisible des recettes fiscales de 600 millions de dollars en raison d’une baisse de la production pétrolière en cas de succès du vote.

L’Équateur est devenu l’un des premiers pays au monde à fixer des limites à l’extraction des ressources par le biais d’un vote démocratique. Mais d’autres gouvernements ont pris des décisions dans le but de restreindre l’exploration pétrogazière. La Colombie, par exemple, a décidé en début d’année de ne plus délivrer aucun nouveau contrat d’exploration pétrolière ou gazière. Les contrats en cours seront cependant honorés. De son côté, en juin 2021, le Groenland a choisi de suspendre toute exploration pétrolière au large des côtes de l’île.

Le même jour, lors d’un deuxième référendum, les habitants de la capitale Quito ont également voté pour bloquer l’exploitation minière dans le Chocó Andino, une biosphère sensible des hautes terres, avec près de 70 % des suffrages.