Greenpeace conteste les calculs de rejets de GES fournis par TotalEnergies. De son côté, Climate TRACE réfute les émissions de tout le secteur pétrogazier

Le 2 novembre 2022, l’association Greenpeace France a publié une étude dans laquelle elle affirme que les rejets de GES du groupe TotalEnergies seraient près de quatre fois plus élevés que ce qu’il déclare. Pour appuyer ses dires, l’ONG a fait appel au bureau de conseil Factor-X. Dans son communiqué de presse, Greenpeace ajoute qu’au regard de ces résultats, elle a saisi l’Autorité des marchés financiers (AMF). Pour sa part, la compagnie pétrolière réfute ces chiffres en indiquant que certaines émissions ont été comptabilisées deux fois. Elle a décidé d’engager une action en justice « en vue de réparer le préjudice qu’entraîne la diffusion de cette information trompeuse par Greenpeace ». Cette importante divergence entre les deux entités devrait être scrutée par les investisseurs financiers, de plus en plus préoccupés par l’exactitude des données fournies par les entreprises.

La question mérite d’autant plus d’être posée que la fiabilité des estimations de rejets de GES transmises par les sociétés n’est pas suspecte qu’aux yeux de l’association écologiste. Le 9 novembre 2022, une coalition constituée de plusieurs institutions universitaires et d’experts, baptisée Climate TRACE, a dévoilé un inventaire mondial des émissions de gaz à effet de serre. Les données concernant les rejets de GES proviennent de plus de 72 000 sources dans les secteurs à fortes émissions. Elles ont été collectées grâce à plus de 11 000 capteurs et 300 satellites, mais aussi à partir d’informations publiques et commerciales. Dans ses conclusions, Climate TRACE affirme que les émissions du secteur pétrogazier ont été largement sous-estimées. Partant du principe que les actifs pris en compte dans ses travaux constituent un échantillon représentatif du secteur à l’échelle mondiale, l’organisation considère que l’empreinte réelle du secteur pétrogazier en matière d’émissions pourrait être jusqu’à trois fois supérieure à ce que ce dernier déclare. Elle ajoute qu’une grande partie de la sous-estimation résulte d’un mauvais suivi des émissions de méthane qui émanent des fuites et du torchage.