Tout au long de son histoire, la Californie a fait face à des épisodes de sécheresse. Cependant, depuis 2011, l’étendue géographique s’élargit, l’intensité empire et la durée de ces périodes s’allonge. Ces sécheresses devraient encore s’accentuer avec le changement climatique. Dans l’État, la saison humide s’étale normalement de la fin de l’automne à la fin de l’hiver. Elle a néanmoins été très sèche cette année, et 95 % de la région ont été placés en situation de grave sécheresse. L’été dernier, le gouverneur Gavin Newsom a exhorté la population à réduire sa consommation de 15 %. Mais celle-ci n’a baissé que d’environ 3 % depuis.
Il y a une vingtaine d’années, la société Poseidon Water a proposé de créer deux usines de dessalement d’eau de mer, l’une dans le comté de San Diego et l’autre à Huntington Beach, au sud-est de Los Angeles, dans le comté d’Orange. La station du comté de San Diego a bien été construite, et l’eau dessalée représente désormais 10 % de l’approvisionnement du district. Le projet de Huntington Beach, quant à lui, prévoit de produire 50 millions de gallons d’eau par jour (soit environ 230 000 m3 par jour). Il a toutefois accusé de nombreux retards. En 2013, la Commission côtière (California Coastal Commission) s’est dite préoccupée par l’installation de structures ayant pour but de pomper rapidement de grands volumes d’eau dans l’océan, ce qui nuirait à la vie marine. Poseidon Water a donc mené des études complémentaires et soumis un nouveau plan dans le but d’atténuer les dommages marins grâce à la restauration de zones humides à proximité.
À la suite de nombreuses auditions, la Commission, composée de 12 membres, a finalement rejeté à l’unanimité cette proposition le 12 mai 2022. Elle a repris bon nombre des arguments avancés par les opposants au projet. Ces derniers ont confirmé qu’en puisant de grandes quantités d’eau de mer et en évacuant des rejets salés dans l’océan, le système tuerait des milliards d’organismes marins microscopiques qui constituent la base de la chaîne alimentaire le long d’une large bande côtière. D’autres critiques ont souligné que l’eau serait trop chère et qu’il n’y avait pas d’urgence à mettre en œuvre un tel dispositif dans la zone prévue qui bénéficie d’un vaste aquifère et d’un programme de recyclage de l’eau. Le coût énergétique de l’exploitation de l’usine et le fait que celle-ci serait située près d’une faille sismique ont également été cités comme raisons de s’opposer au projet.