The Metals Company (TMC) est une société minière canadienne fondée en 2011 sous le nom de DeepGreen Metals. Les activités de l’entreprise sont concentrées sur l’extraction des nodules polymétalliques en haute mer. Ceux-ci contiennent dans un seul minerai quatre métaux : le cobalt, le nickel, le cuivre et le manganèse, qui sont des éléments essentiels pour les batteries utilisées par les fabricants de véhicules électriques. Pour TMC, « les nodules polymétalliques sont la voie la plus propre vers les véhicules électriques ».
Cet avis n’est cependant pas partagé par tout le monde. Pour la communauté écologiste, l’exploitation des grands fonds marins constitue une grande menace pour les écosystèmes fragiles et encore très peu connus des abysses ainsi que pour les habitats de nombreuses espèces comme les poulpes dumbo ou les escargots écailleux. Même certaines entreprises se sont prononcées sur la question en s’engageant à exclure de leurs chaînes d’approvisionnement les minéraux issus des eaux profondes et à ne pas financer les activités minières des grands fonds marins tant que les alternatives ne seront pas suffisamment examinées et traitées.
Le One Ocean Summit, la première grande conférence internationale à être intégralement consacrée à la sauvegarde des océans, qui s’est déroulée à Brest du 9 au 11 février 2022, ne les a pas rassurés. L’ambition affirmée de parvenir à un traité international pour réglementer les activités en haute mer dès cette année leur fait craindre une ruée prochaine vers ce nouvel eldorado. Ainsi, TMC, qui se veut plus que rassurant sur les conséquences écologiques de l’exploitation des minerais en haute mer, a salué le récent investissement de trois cents millions d’euros du gouvernement français dans l’exploration minière en eaux profondes. Il s’est également réjoui de l’allocation d’un budget de six cents millions de dollars par le gouvernement indien à sa mission en haute mer pour explorer la possibilité d’extraire des nodules dans l’océan Indien.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie – et les sanctions internationales qui l’ont suivie – a fait grimper le prix de plusieurs métaux, comme l’or, le nickel, l’argent et le palladium, et a mis en évidence la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement en minerais. En effet, la Russie fait partie des principaux producteurs mondiaux de ces métaux. Le titre de TMC s’est, quant à lui, envolé, en s’appréciant de près de 30 % en deux semaines. Le média Eco-Business a rapporté les déclarations du P.-D.G. de TMC, Gerard Barron, qui, dans un courriel du 2 mars 2022, a alerté les dirigeants mondiaux sur le fait que les métaux de transition énergétique étaient concentrés dans des juridictions géopolitiquement difficiles (Chine, Russie…) et sur « le rôle potentiel que les nodules pourraient jouer dans l’évolution des chaînes d’approvisionnement en minéraux critiques ».
De fait, les organisations écologistes craignent que la situation dans l’est de l’Europe donne de nouveaux arguments aux partisans de l’exploitation minière commerciale en eaux profondes et que l’exploitation démarre dès juillet 2023. Elles estiment que les minéraux des grands fonds marins ne sont pas nécessaires à la transition énergétique. De plus, elles insistent sur le fait qu’il existe des alternatives viables, à condition que les investissements dans les technologies et le recyclage des batteries s’accroissent et que la prise en compte des critères sociaux et environnementaux de l’exploitation minière terrestre s’améliore.