Le 5 mai dernier, les actionnaires d’Unilever ont voté à plus de 99 % en faveur de l’objectif de la compagnie d’atteindre la neutralité carbone à horizon 2039. Cet engagement était assorti d’un objectif intermédiaire visant à réduire de moitié l’impact des produits commercialisés par le groupe d’ici 2030 en matière de GES, tout en tenant compte de la chaîne d’approvisionnement. Le plan d’action comportait l’engagement d’aider les fournisseurs à se fixer des ambitions scientifiques approuvées et à mettre en œuvre les dispositifs adéquats pour y parvenir.
À cet effet, David Ingram, le directeur des achats du groupe, a lancé une nouvelle initiative le 21 septembre 2021 baptisée Unilever Climate Promise for Suppliers. Dans ce cadre, les fournisseurs s’engagent à réduire leurs rejets de GES d’au moins 50 % d’ici 2030. Ils seront également tenus de partager avec Unilever les données concernant leur l’empreinte carbone et de rendre compte publiquement des progrès réalisés quant à la décarbonatation. Dès le début de l’année 2022, le programme impliquera plus de quarante fournisseurs. À partir de 2023, il sera étendu aux trois cents qui contribuent le plus significativement aux émissions de scope 3 ; collectivement, ces trois cents fournisseurs sont responsables des deux tiers des émissions sur ce périmètre.
L’authenticité de la RSE (que l’on peut aussi appeler responsabilité élargie des entreprises) est intimement liée au contrôle des pratiques et sous-traitants des donneurs d’ordre. Depuis toujours, l’efficacité de ce contrôle a été remise en cause par les acteurs de la société civile. La transparence de la chaîne d’approvisionnement est une condition nécessaire (mais pas suffisante) pour établir un niveau de confiance minimum dans les dispositifs de contrôle. Les listes de fournisseurs, rendues publiques, aident les syndicats et les organisations de défense des droits des travailleurs ou de protection de l’environnement à aborder et résoudre les problèmes dans les usines qui approvisionnent les grandes marques et la distribution.
Chaque année, l’organisation britannique Fashion Revolution publie un rapport dans lequel elle analyse et synthétise les pratiques des grandes marques intervenant au Royaume-Uni. Dans le dernier en date, paru en septembre (Fashion Transparency Index), l’organisation souligne que 47 % des deux cent cinquante marques étudiées éditent la liste de leurs fournisseurs de premier rang (contre 40 % en 2020) ; 27 % répertorient certaines installations de transformation (égrenage et filature de fils, tricotage et tissage de tissus, teinture et traitement par voie humide, tanneries, broderie et embellissement, finissage des tissus, teinture et impression, blanchissage) ; et 11 % listent certains de leurs fournisseurs de matières premières (coton, laine, viscose, peaux, caoutchouc, métaux).
Boohoo réagit. À la suite des allégations selon lesquelles les ouvriers de son usine de Leicester étaient sous-payés, Boohoo, une société britannique spécialisée dans la vente de vêtements sur Internet, a été menacée d’interdiction d’importation aux États-Unis (IE n° 341). Cela a conduit le groupe à immédiatement commander un examen indépendant de sa chaîne d’approvisionnement et à en accepter les recommandations. Dans le cadre de cet audit, Boohoo a publié, le 25 septembre dernier, une liste d’environ mille sites participant à ses approvisionnements.