Le 10 juin 2014, le quotidien britannique The Guardian révélait les conditions de travail des travailleurs migrants sur certains bateaux de pêche thaïlandais (voir Impact Entreprises n° 196). Ces conditions, qui pouvaient être assimilées à de l’esclavage, avaient valu à la Thaïlande d’être rétrogradée à la dernière place du rapport du département d’Etat américain sur le trafic d’êtres humains. Au mois de décembre 2014, la société suisse Nestlé a donc demandé à l’organisation à but non lucratif Verité de réaliser un rapport sur sa filière d’approvisionnement de produits de la mer provenant de Thaïlande, rapport que le groupe a rendu public le 23 novembre. Ses conclusions confirment les autres investigations menées depuis plus d’un an dans le secteur : recrutement de migrants dans leur pays d’origine (Birmanie, Cambodge) et transport dans des conditions inhumaines, conditions de vie dégradantes sur les bateaux, durées de travail pouvant atteindre 16 heures par jour, absence de jours de repos, pénalités salariales pouvant aller jusqu’à la retenue totale, intimidations et violences physiques, travail d’enfants, vente de travailleurs, absence d’équipements de protection (“parfois le filet est trop lourd et les travailleurs sont entraînés dans la mer et disparaissent tout simplement” selon un témoignage), etc. A la suite des conclusions de ce rapport, la multinationale suisse a décidé de développer un plan qui prévoit notamment la mise en place d’un dispositif d’audit externe et d’amélioration de la traçabilité des produits issus de la pêche. Une priorité pour Nestlé qui a fait l’objet, fin août, d’une plainte déposée par quatre personnes auprès d’une cour fédérale de Los Angeles. Ces quatre personnes accusent le groupe d’utiliser, dans ses boîtes de nourriture pour chat Fancy Feast, du poisson en provenance d’un fournisseur thaïlandais ayant recours au travail forcé (voir Impact Entreprises n° 221).
http://www.verite.org/sites/default/files/images/NestleReport-ThaiShrimp_prepared-by-Verite.pdf