Une enquête menée par le Bureau of Investigative Journalism (BIJ), publiée le 31 juillet 2021 en partenariat avec la revue britannique BusinessGreen, a révélé que du bœuf provenant d’éleveurs accusés de déforestation illégale au Brésil parvenait toujours dans les rayons des enseignes de grande distribution britanniques. Le groupe brésilien Bissoni possède une participation dans Bissoni Agropecuária, qui dispose de plus de 350 km2 de terres produisant du soja et d’autres cultures ainsi que plus de 7 000 têtes de bétail dans la municipalité de Gaúcha do Norte. L’enquête a établi que, entre 2009 et 2017, les entreprises du groupe ont fait l’objet de cinq embargos environnementaux (interdictions de produire et de commercialiser des produits à la suite de défrichements illégaux) qui ont donné lieu à des sanctions financières de la part de l’administration brésilienne. Elle a également montré qu’au moins trois incendies (en 2015, 2018 et 2020) ont été identifiés dans deux de ces zones sous embargo après ces sanctions.
Les dossiers consultés par le BIJ révèlent que du bétail a été acheminé à plusieurs reprises, entre 2018 et 2019, de l’une des fermes incriminées, la fazenda Vó Jovita, vers les abattoirs approvisionnant les géants brésiliens de l’agroalimentaire Marfrig et JBS. Au total, ce sont près de 1 000 bovins du groupe Bissoni qui ont été livrés aux deux groupes. Plusieurs enseignes de distribution présentes au Royaume-Uni, Sainsbury’s, Asda et Lidl, sont clientes de ces deux sociétés. Pour lutter contre la déforestation, le gouvernement britannique élabore des règles interdisant aux entreprises de vendre des produits qui utilisent des matières premières liées à la déforestation illégale à l’étranger. Par ailleurs, plusieurs enseignes de distribution du pays ont menacé de boycotter les produits brésiliens en raison d’une loi proposée au parlement brésilien qui, selon les militants écologistes, pourrait favoriser la destruction de la forêt tropicale.
Mais l’enquête du BIJ souligne la complexité et l’opacité des chaînes d’approvisionnement en viande ainsi que la futilité de ces mesures. En réponse à l’enquête, la chaîne de supermarchés Asda a cependant déclaré qu’elle s’assurait que, d’ici à la fin 2021, ses produits ne contiendraient plus de bœuf brésilien provenant de JBS.