Le parti Inuit Ataqatigiit a remporté les élections parlementaires anticipées au Groenland en avril 2021 (IE n° 343). Le résultat a surpris dans la mesure où les candidats de l’Ataqatigiit avaient, lors de leur campagne, milité contre le développement d’un projet d’exploitation du gisement de terres rares et d’uranium situé à Kvanefjeld, dans le sud de l’île. Or, si le Groenland, qui est constitutif du royaume du Danemark, jouit d’une très large autonomie administrative et politique, il n’en est pas de même sur le plan économique. Le territoire perçoit de la part du Danemark une subvention annuelle de 3,4 milliards de couronnes (460 millions d’euros), ce qui représente près de 20 % de son PIB. Aussi, les ressources minières, qui seront de plus en plus accessibles avec le réchauffement climatique, représentent-elles un enjeu de taille pour ceux qui aspirent à l’indépendance de l’île.
Pour autant, le gouvernement de Múte Bourup Egede a déclaré qu’il avait choisi de suspendre toute exploration pétrolière au large des côtes de l’île. La décision a été prise le 24 juin, mais rendue publique le 15 juillet. Dans son communiqué, le gouvernement précise : « L’avenir n’est pas dans le pétrole. L’avenir appartient aux énergies renouvelables et, dans cette perspective, nous avons beaucoup plus à gagner. » Il a ajouté qu’il « voulait assumer la coresponsabilité de la lutte contre la crise climatique mondiale ». L’Institut d’études géologiques des États-Unis (US Geological Survey) estime que 17,5 milliards de barils de pétrole et 4 200 milliards de mètres cubes de gaz naturel pourraient se trouver au large du Groenland. Mais l’éloignement de l’île et les conditions climatiques extrêmes avaient jusqu’ici limité l’exploration. Définitivement ?