Partout sur la planète, les glaciers reculent sous l’effet du changement climatique. Le Chili, qui concentre 82 % des glaciers sud-américains, n’échappe pas à la règle. Mais le pays semble être à la traîne en ce qui concerne leur protection. Après de nombreux échecs pour tenter d’inscrire cette question à l’agenda législatif, un projet de loi a finalement été présenté le 4 juillet 2018 (Ley sobre protección de glaciares – boletín 11876-12). Il est cependant resté près de deux ans et demi entre les mains de la Commission des Mines et de l’Énergie du Sénat alors que, initialement, il devait être examiné dans les 30 jours.
Parallèlement, le Chili est, de loin, le premier producteur mondial de cuivre. La transition écologique confère à cette matière première une place de plus en plus stratégique avec, en particulier, une explosion de la demande de véhicules électriques. Le projet de loi sur les glaciers a subitement réactivé les passions à la suite de la dernière séance de la Commission des Mines et de l’Énergie qui s’est tenue le 26 mai 2021. En l’état, le projet interdirait, notamment, les activités minières dans les glaciers. D’après le quotidien El Mercurio, l’entreprise publique Codelco, premier producteur de cuivre au monde, a immédiatement réagi en adressant une lettre à la Commission.
Dans ce courrier, la firme précise qu’une prohibition absolue des opérations minières dans les zones glacières affecterait trois de ses principales concessions (Andina, El Teniente et Salvador) et pourrait menacer jusqu’à 40 % de sa production de cuivre. Pour les défenseurs de l’environnement, cette démarche s’inscrit dans la lignée de la politique de lobbying exercée depuis 15 ans par l’industrie minière au Chili. Par ailleurs, ils s’étonnent que les compagnies du secteur n’aient jamais cherché à développer leurs activités en dehors de ces zones d’une importance majeure pour toute la région. Au Chili, les glaciers occupent en effet 1 % de la surface du territoire, mais contribuent à 60 % des ressources hydriques en année sèche. La protection des glaciers est donc une urgence absolue, surtout pour le centre du Chili touché depuis 2010 par la méga-sécheresse la plus étendue, la plus longue et la plus chaude depuis 1900.