Même s’il n’est pas tout à fait le Green New Deal attendu par certains, le plan de financement des infrastructures (baptisé The American Jobs Plan) annoncé, le 31 mars, par le président américain Joe Biden devrait faire bouger les lignes. Le projet n’a pas été dévoilé dans tous ses détails, mais il semblerait qu’environ la moitié des quelque 2 300 milliards de dollars qui seront investis au cours de la décennie iront à des secteurs qui entrent dans le champ du changement climatique, de l’énergie propre et de la justice environnementale, et seront créateurs d’emplois.
Près de 213 milliards de dollars seront consacrés à la création, la préservation et la rénovation de plus de 2 millions de logements abordables et durables, avec un accent particulier sur les collectivités mal desservies. L’amélioration de l’efficacité énergétique et de la résilience des écoles et des bâtiments fédéraux sera également comptée dans l’enveloppe. L’électrification du système de transport bénéficiera de 174 milliards de dollars : incitations fiscales pour encourager les conducteurs à passer aux véhicules électriques, création d’un réseau national de 500 000 chargeurs électriques d’ici 2030, électrification de la flotte fédérale, de 50 000 véhicules de transport en commun et d’au moins 20 % du parc d’autobus scolaires, etc. Environ 100 milliards de dollars seront affectés aux infrastructures électriques qui devront être accompagnées d’une norme d’efficacité énergétique et d’électricité propre afin d’atteindre 100 % d’électricité décarbonée d’ici 2035. Le plan Biden prévoit également de soutenir les efforts des technologies (contestées) de séquestration du carbone à grande échelle.
Parmi les autres mesures, on note que 50 milliards de dollars seront consacrés à l’amélioration de la résilience du réseau électrique, des systèmes alimentaires et de santé, des infrastructures urbaines et de transport. Une partie de ce montant ira à la restauration des terres, des forêts, des ressources côtières et océaniques, des zones humides et des bassins versants. Le plan comprend aussi de multiples initiatives visant à réduire les inégalités et à aider les communautés défavorisées, y compris celles qui dépendaient des combustibles fossiles ou qui ont été touchées par la pollution locale. Ainsi, 16 milliards de dollars sont prévus pour colmater les puits de pétrole et de gaz abandonnés et réaménager les anciennes mines de charbon, de roche massive et d’uranium. L’administration Biden espère que cette proposition sera adoptée par le Congrès cet été.
Parallèlement, Janet Yellen, la secrétaire au Trésor américaine, a publié le 7 avril les détails de son plan fiscal « Made In America ». Ce programme revendique de mettre un terme à la course vers le bas des taux d’imposition sur les sociétés qui prévaut dans le monde. Il envisage d’augmenter le taux domestique de 21 % à 28 % et de remplacer les subventions aux entreprises de combustibles fossiles par des incitations à la production d’énergie propre. L’élimination des subventions pourrait accroître les recettes fiscales de plus de 35 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie. Ce projet vise également à ce que les grandes puissances économiques s’accordent pour introduire un taux d’imposition minimum sur les sociétés à 21 % à l’échelle mondiale.