Une nouvelle étude publiée par la revue Nature Sustainability montre, une fois de plus, qu’à moins que l’industrie alimentaire ne soit rapidement transformée, tant au niveau des modes d’alimentation qu’au niveau de la manière dont les denrées sont produites, le monde sera confronté à une très grave perte de biodiversité dans les décennies à venir. L’équipe internationale qui a mené les travaux a été dirigée par des chercheurs des universités de Leeds et d’Oxford. Des projections montrent que les besoins en nouvelles terres cultivées, défrichées au détriment des habitats naturels, pourraient atteindre une superficie 3,35 millions de km2 entre 2010 et 2050. Dans ces conditions, 87,7 % des 19 859 espèces de vertébrés terrestres pourraient être exposées à une diminution de leur habitat naturel et, pour 1 280 d’entre elles, cette perte pourrait être supérieure à 25 %. Cette disparition serait particulièrement importante en Afrique subsaharienne et dans certaines parties de l’Amérique centrale et du Sud. Si des dispositifs conventionnels tels que la création de nouvelles zones protégées ou l’introduction de législations pour sauver des espèces spécifiques s’avèrent toujours nécessaires, le rapport souligne aussi l’importance de réduire la pression exercée par l’expansion agricole. Mais d’autres changements sont incontournables comme une baisse de la consommation de viande, une réduction des pertes et du gaspillage alimentaires, une augmentation du rendement des cultures, une planification internationale de l’utilisation des terres. Ces approches seraient nécessairement différentes en fonction des régions et des pays. Quoi qu’il en soit, pour Michael Clark, l’un des auteurs, aucune approche ne suffit à elle seule. « Mais avec une coordination mondiale et une action rapide, il devrait être possible de fournir une alimentation saine à la population mondiale en 2050 sans perte d’habitat majeure. »