Les effets économiques de la crise sanitaire sont désastreux pour de nombreuses entreprises sous-traitantes, en particulier dans l’industrie textile. Le Center for Global Workers’ Rights (CGWR) du College of the Liberal Arts at Penn State (Université de Pennsylvanie, Etats-Unis) a publié le 16 octobre les résultats d’une enquête réalisée auprès de soixante-quinze usines présentes dans quinze pays. A la suite de la fermeture de leurs magasins à travers le monde, les marques de vêtements ont annulé plusieurs milliards de dollars de commandes au cours du deuxième trimestre de l’année 2020. Et en dépit des appels à la responsabilité, les engagements pris officiellement par les donneurs d’ordre ont été tout à fait insuffisants pour rétablir un flux de commandes permettant aux fabricants de surmonter la crise économique. De fait, certains d’entre eux dénoncent les pressions exercées par les acheteurs qui profitent de l’excès d’offres pour faire jouer la concurrence de manière exacerbée. L’étude souligne ainsi que les fournisseurs ont été contraints de baisser leurs prix de 12 % en moyenne par rapport à l’an dernier. Les délais de paiement ont également été considérablement allongés pour atteindre 77 jours en moyenne contre 43 avant la pandémie. Des fournisseurs situés dans des pays comme le Cambodge, l’Ethiopie, le Guatemala, l’Inde, le Mexique, le Pérou et le Vietnam ont déclaré au CGWR qu’ils avaient déjà licencié 10 % de leurs ouvriers et qu’ils devraient réduire leurs effectifs de 35 % si la baisse des commandes se poursuivait. Autrement dit, si la situation perdure, ce sont des millions d’ouvriers du secteur du textile qui risquent d’être exclus du marché du travail.