Le gouvernement français a récemment averti que les sociétés qui auront bénéficié de certaines aides de l’Etat – comme le report de charges sociales ou fiscales – pour limiter l’impact économique de l’épidémie de coronavirus et qui auront versé des dividendes « se [verront] obligées de rembourser cette avance de trésorerie […] avec une pénalité d’intérêt ». A priori, cet avertissement ne s’adresse pas aux sociétés ayant recouru au chômage partiel. A cet égard, le gouvernement a appelé les entreprises à faire preuve d’exemplarité en diminuant de 25 % la rémunération de leurs dirigeants. Certaines sociétés ont d’ores et déjà entendu le message, à tout le moins partiellement. Mais pour des ONG comme Oxfam France, ces mesures et ces appels ne sont pas dissuasifs et « il n’est pas acceptable que l’Etat prenne en charge les salaires des entreprises et que celles-ci versent, quoi qu’il en coûte, des dividendes à leurs actionnaires ». L’association ajoute que « les entreprises doivent dédier l’ensemble de leurs moyens à assurer une protection et une rémunération aux salariés, aux fournisseurs et investir dans un modèle plus résilient ». Car, finalement, le plus important n’est-il pas de se poser la question de l’utilisation qui sera faite de ces rémunérations ou de ces dividendes conservés dans l’entreprise ? Quelle sera « l’intensité de solidarité » affectée à ces montants ? Y aura-t-il des dons à des organisations impliquées dans la lutte contre le coronavirus, un maintien des salaires des personnes touchées par le chômage partiel, un renforcement des investissements dans des activités à fort intérêt collectif, etc. ?