Il n’est pas une journée qui passe sans qu’une entreprise annonce son intention de financer la plantation d’arbres pour compenser ses émissions de GES. C’est une bonne chose, car la croissance des arbres permet le stockage du carbone dans les sols et dans leur partie aérienne. Mais ces opérations ne doivent pas s’exercer dans n’importe quelles conditions. C’est pourquoi les associations environnementales rappellent qu’il est préférable – et prioritaire – de ne pas détruire les forêts plutôt que de planter des arbres. Sur ce plan et d’un point de vue global, les pratiques sont loin d’être exemplaires. A ce titre, Forest500, un projet développé par l’organisation britannique Global Canopy, a publié le 12 février son rapport annuel 2019 (The Companies Getting it Wrong on Deforestation). L’organisation a analysé et classé 350 grandes entreprises mondiales intervenant dans les secteurs de la distribution, de la mode, de l’alimentation et autres fournitures (dont 15 sociétés françaises), produisant ou commercialisant des produits intégrant des denrées de base contribuant à la déforestation (huile de palme, soja, bœuf, cuir, bois, pâte à papier) et 150 sociétés financières impliquées dans leur financement (dont 6 françaises).
L’étude révèle que 140 entreprises (40 %) et 102 institutions financières (68 %), n’ont pris aucun engagement public pour prévenir la déforestation dans leur chaîne d’approvisionnement ou dans les sociétés qu’elles financent. Seules 86 entreprises et 28 institutions financières ont des engagements de déforestation pour tous les produits qu’elles fabriquent, commercialisent ou financent. Par ailleurs, alors qu’en 2018, 157 sociétés s’étaient engagées à mettre fin à la déforestation d’ici à 2020, 4 d’entre elles ont désormais totalement abandonné cet engagement et 18 ont renoncé à l’échéance qu’elles avaient fixée. En tout, 81 entreprises ont supprimé leurs engagements, en ont affaibli la portée ou ont réduit la précision de leur reporting. En octobre 2019, à la suite des incendies en Amazonie, 244 institutions financières avaient signé une déclaration appelant les entreprises à prendre des mesures pour éviter la déforestation. Parmi ces sociétés, 14 appartenaient au panel de Forest 500. Force est de constater que 7 d’entre elles ne disposent même pas d’une politique publique en ce qui concerne la déforestation.