La société minière brésilienne Vale a été reconnue coupable, le 9 juillet, des dégâts provoqués par la rupture du barrage 1 de la mine Córrego do Feijão à Brumadinho dans l’Etat du Minas Gerais (Brésil), une tragédie survenue le 25 janvier dernier. A ce jour, 248 personnes sont décédées dans cette catastrophe et 22 sont toujours portées disparues (IE n° 295). Les dommages n’ont pas encore été chiffrés. En revanche, le 15 juillet, un accord a été trouvé entre le ministère brésilien du Travail et l’entreprise pour indemniser les familles des victimes et les rescapés (indemnités, pensions à vie…). Le montant global s’établit à 1,6 milliard de reis (380 millions d’euros) environ. La catastrophe a révélé les carences existant dans la sécurité de certains bassins de rétention de résidus provenant de l’exploitation des mines, du fait d’un manque d’attention suffisante de la part des entreprises. Depuis, Vale s’est engagée à renforcer certaines de ses digues, à tout le moins pour ses installations brésiliennes. D’autres sociétés ont également décidé de prendre des mesures préventives, comme le groupe ArcelorMittal pour sa mine de Serra Azul (Etat du Minas Gerais).
Toutefois, devant l’ampleur du drame et le manque de diligence dans ce domaine, les investisseurs agissent pour obtenir une plus grande transparence. En avril dernier, un groupe d’investisseurs a ainsi exigé des sociétés minières présentes à travers le monde qu’elles communiquent des informations sur l’ensemble de leurs installations de stockage de résidus miniers (IE n° 300). Au 5 juillet, 31 % des 651 entreprises contactées avaient répondu, 42 % des sociétés ayant répondu avaient indiqué qu’elles disposaient de bassins de rétention et parmi elles, 73 % avaient posté sur un site Internet tout ou partie des informations demandées par la coalition d’investisseurs (voir liste). Cela étant, 433 sociétés n’ont toujours pas donné suite, dont les sociétés françaises Vicat et Imerys – qui ne sont peut-être pas concernées par la requête. Plusieurs entreprises non concernées ont néanmoins répondu, participant ainsi à l’une des missions de l’initiative : établir une cartographie mondiale publique des installations potentiellement dangereuses.
Le monde financier n’est pas en reste. Le 17 juillet, la presse brésilienne a révélé qu’une procédure avait été ouverte par la chambre brésilienne d’arbitrage des marchés (Câmara de Arbitragem do Mercado) à l’encontre de Vale sous l’impulsion d’une trentaine d’investisseurs et de fonds de pension, ainsi que du cabinet d’avocats Modesto Carvalhosa. Ces investisseurs accusent la société minière d’avoir transmis des informations inexactes et trompeuses concernant la sécurité de ses barrages, ce qui les a induits en erreur pour leurs investissements et conduits à enregistrer de lourdes pertes boursières. Pour mémoire, Modesto Carvalhosa a été impliqué dans les actions de groupe menées aux Etats-Unis contre le pétrolier Petrobras après un scandale de corruption révélé en 2014, actions qui ont déjà coûté près de 3 milliards de dollars au groupe et qui tentent de se poursuivre au Brésil.