Des chercheurs de l’université de Sheffield au Royaume-Uni ont publié, le 30 mai, une enquête réalisée auprès de vingt grandes marques de vêtements. Cette analyse montre qu’en dépit de leurs promesses, ces marques ne parviennent pas à faire en sorte que les travailleurs bénéficient d’un salaire décent. Trois enseignes seulement se sont engagées, dans leur rapport annuel, à relever le défi (H&M, C&A, G-Star RAW). Mais sur le terrain, ces engagements n’ont pas réellement conduit à une augmentation significative du niveau de rémunération dans de nombreuses usines, en particulier dans celles qui produisent une mode bon marché. Interrogées par les chercheurs, les sociétés apportent des réponses variées pour expliquer cette situation. Certaines, comme Amazon ou Décathlon, indiquent qu’elles se conforment aux lois locales (ce qui est incompatible avec un salaire décent dans de nombreux pays). Pour d’autres, il faut encourager les gouvernements à relever les salaires minimaux (IE n° 155), des vœux qui n’ont guère eu de résultats probants jusqu’à présent. D’autres enfin attirent l’attention sur la difficulté de « fixer » un salaire de subsistance (living wage) accepté par tous. Sans nier la difficulté du calcul qui doit, en principe, tenir compte des spécificités propres à chaque pays et aux régions, de la situation familiale, etc., ces arguments conduisent à une sorte de statu quo insatisfaisant qui dure depuis plusieurs décennies maintenant. On peut cependant ajouter que contrairement à la situation qui prévalait il y a une vingtaine d’années, il existe aujourd’hui de nombreux travaux à travers le monde qui offrent aux groupes internationaux des socles solides permettant de fixer une ligne rouge et qui fournissent une base de discussion et de négociation tangible entre les parties.