Selon certaines organisations de défense des droits humains, la dictature militaire en Argentine (1976-1983) a été à l’origine de 30 000 « disparitions forcées » ou assassinats. Durant cette période, de nombreux centres de détention clandestins ont également été créés, dans lesquels la torture était régulièrement pratiquée. Peu après le coup d’Etat (24 mars 1976), des dirigeants d’une filiale du constructeur automobile américain Ford, située à General Pacheco dans la banlieue nord de Buenos Aires, ont fourni aux autorités militaires des données à caractère personnel et des photographies concernant 24 travailleurs de l’usine de Pacheco. Ces informations ont permis aux militaires d’enlever ces employés en raison de leurs activités syndicales et de les transférer dans un centre de détention, où plusieurs d’entre eux ont été torturés. Le 11 décembre dernier, le tribunal oral fédéral 1 de San Martín a condamné Pedro Müller, ancien directeur de la fabrication de l’usine, et Héctor Sibilla, ancien chef de la sécurité, à respectivement dix et douze années de prison pour crimes contre l’humanité. Tous deux ont fait appel. Les avocats n’excluent pas de poursuivre l’entreprise, en Argentine ou aux Etats-Unis, pour complicité dans les actes commis par la junte. D’autres entreprises ont été dénoncées par les organisations de défense des droits humains en raison de leur implication dans une collaboration active avec les autorités militaires, comme Renault Argentina (IKA-Renault jusqu’en 1975). Mais aucune d’elles ni aucun de leurs dirigeants n’ont à ce jour fait l’objet de poursuites.