Le 13 septembre dernier, la direction générale du Trésor français a publié une brève selon laquelle le ministère birman de l’Energie et de l’Electricité avait signé le 5 septembre une Notice to Proceed désignant le consortium en charge du développement du futur barrage Shweli 3, non loin de la ville de Mongmit (Birmanie). Ce consortium est constitué du japonais Marubeni, du birman Ayeyar Hinthar et de la compagnie française EDF. Le projet n’est, à dire vrai, pas sans rappeler d’autres situations similaires.
Du point de vue du contexte birman tout d’abord : les compagnies pétrolières Total et Unocal se sont attiré les foudres de l’opinion mondiale au milieu des années 90 pour avoir conclu un contrat d’exploitation de gaz dans la mer d’Andaman. Si, depuis lors, les droits humains se sont améliorés dans le pays, ils sont loin d’avoir atteint un seuil acceptable, comme en témoigne actuellement la situation dramatique de la communauté Rohingya. Mais la comparaison ne s’arrête pas là. Dans les années 90, le gazoduc qui devait acheminer le gaz en Thaïlande devait traverser une région peuplée par les Karens, une ethnie alors en conflit armé avec le pouvoir central. L’enjeu avait alors conduit la junte militaire à mener des opérations de répression contre les populations locales, soupçonnées de soutenir la guérilla. Or, aujourd’hui, des affrontements violents entre l’armée birmane et des groupes opposés au régime se produisent de manière fréquente dans l’Etat Shan qui doit accueillir le projet de barrage.
Du point de vue environnemental et social ensuite : en effet, les grands barrages soulèvent très souvent des protestations en raison des dégâts écologiques et humains qu’ils entraînent (destruction de la faune et de la flore, réduction des moyens de subsistance des habitants, déplacements de population). EDF a déjà dû faire face à une contestation de cette nature au début des années 2000, lors de la construction du barrage de Nam Theun 2 au Laos. Dans une interview accordée au journal birman Frontier Myanmar, Yacine Chouabia, directeur du développement zone Asie chez EDF, a tenu à dissiper ces craintes. Il n’est cependant pas certain que les associations de défense de l’environnement et des droits humains soient pleinement rassurées.