Les sables bitumineux sont parmi les énergies fossiles les plus controversées du fait de leurs impacts écologiques considérables et le Canada dispose des plus importantes réserves mondiales à cet égard (principalement en Alberta). Pour acheminer le pétrole, le gouvernement canadien a approuvé, en novembre 2016, l’expansion du réseau Trans Mountain. Ce projet, dont les travaux ont été confiés à la société américaine Kinder Morgan, prévoit la réalisation d’un nouvel oléoduc de 980 km devant doubler l’existant entre Edmonton (Alberta) et Burnaby (Colombie-Britannique). Mais outre l’opposition des organisations écologistes, le conflit opposant depuis plusieurs mois l’Alberta et la Colombie-Britannique – cette dernière ayant multiplié les recours juridiques pour bénéficier de garanties supplémentaires sur le plan environnemental – et l’incertitude financière entourant le projet ont fini par semer le doute dans l’esprit des dirigeants de Kinder Morgan qui, en avril dernier, ont laissé au gouvernement fédéral jusqu’au 31 mai pour résoudre la question. Le 29 mai, le ministre canadien des Finances, Bill Morneau, a donc annoncé que l’Etat avait conclu un accord pour acheter l’oléoduc pour un montant de 4,5 milliards de dollars canadiens (3 milliards d’euros). Après la déconvenue occasionnée par l’abandon des projets Energy East et Eastern Meanline en octobre dernier, cette décision permet au gouvernement de s’assurer que le projet se réalisera bel et bien. Mais elle l’expose maintenant directement au mécontentement des défenseurs du climat, ainsi qu’à celui des contribuables, qui s’interrogent sur la viabilité financière du projet.