Le 23 mai, la société Primagaz a annoncé la première livraison à une société industrielle, en France, de propane issu de la biomasse (biopropane). L’usine L’Oréal de La Roche-Posay (Vienne) a ainsi réceptionné 20 tonnes de ce combustible qui contribueront à faire baisser l’empreinte carbone du groupe. Le biopropane est fabriqué à Rotterdam par la société finlandaise Neste et provient pour 68 % du recyclage de déchets industriels (huiles de cuisson, graisses animales) et pour 32 % d’huiles végétales (huiles de colza et de palme). Selon Primagaz, les émissions de GES sur le cycle de vie du combustible s’élèvent à 60 grammes d’équivalent CO2 par kW.h, soit une réduction de 78 % par rapport aux énergies fossiles de référence. Mais ce bilan ne tient pas compte des facteurs d’émission résultant des changements d’affectation des sols dus à la production de soja, et surtout d’huile de palme. Si Primagaz précise que l’huile de palme utilisée est certifiée RSPO, de nombreuses associations écologistes soulignent, de leur côté, que ce certificat n’est pas fiable et que d’innombrables cas de déforestation due à des plantations de palmiers ont été relevés.
Quelques jours auparavant, le 16 mai, la préfecture des Bouches-du-Rhône avait donné son accord, avec l’assentiment du ministère de la Transition écologique et solidaire, pour le démarrage de la raffinerie de « biodiesel » de Total située à La Mède. Cette fois, ce sont jusqu’à 300 000 tonnes d’huile de palme brute par an (également certifiée RSPO) qui seront importées, auxquels s’ajouteront quelque 100 000 tonnes de distillat d’acide gras de palme. Pour les ONG et les producteurs d’huile de colza français, ce projet, lancé en 2015, est un véritable cadeau fait à la compagnie pétrolière française, qui deviendra ainsi le plus gros importateur français d’huile de palme. Avec cette décision, Total et la France vont à l’encontre du vote du Parlement européen, en janvier dernier, visant à éliminer progressivement l’huile de palme des carburants d’ici à 2021. Pour l’heure, les négociations entre le Parlement, la Commission et le Conseil des ministres ne sont pas achevées. Mais de nombreux observateurs craignent que la France ne les fasse échouer pour des raisons commerciales, notamment sous la pression de la Malaisie (un des principaux exportateurs mondiaux d’huile de palme) qui a fait savoir, le 8 mars, qu’elle pourrait reconsidérer sa préférence pour l’avion de combat Rafale et renouveler sa flotte au profit de l’Eurofighter Typhoon britannique.