Avec 8 % environ du chiffre d’affaires consolidé d’Orange, l’Afrique subsaharienne constitue une part significative de l’activité de l’entreprise. Le sous-groupe Sonatel intervient dans cinq pays – Sénégal, Mali, Guinée, Guinée-Bissau, Sierra Leone – où il a réalisé en 2017 près de 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires (une augmentation de 9 % par rapport à 2016 sur des bases comparables) et 262 millions de résultat net part du groupe. Le Sénégal contribue à hauteur de 43 % à ce chiffre d’affaires, tandis que l’activité d’Orange Money représente 4,7 % (en progression de 1,8 point). Sonatel insiste également sur sa contribution à l’économie des pays d’implantation et à l’emploi local (100 000 emplois indirects). Pour autant, la politique d’Orange fait l’objet de nombreuses contestations dans cette région, qu’il s’agisse de la qualité de service et des tarifs ou des relations avec ses prestataires. En août 2017 déjà, les gérants ivoiriens de cabines téléphoniques avaient entamé un mouvement de grève vis-à-vis d’Orange pour protester contre l’insuffisance des marges rétrocédées par l’opérateur (IE n° 263).
Cette fois, ce sont les distributeurs d’Orange Money au Sénégal qui expriment leur mécontentement à la suite de la décision du groupe, le 14 mai, de réduire significativement les commissions leur revenant lors des dépôts et retraits d’argent. Celles-ci passeront en effet en moyenne de 75 % à 55 % de la somme retenue sur les clients. Aussi les membres du Cadre de concertation des prestataires d’Orange Money – qui réunit le Réseau national des prestataires du transfert d’argent (RENAPTA), les boutiques Orange et l’Association nationale des distributeurs – ont-ils réagi le 16 mai en menaçant l’opérateur d’un boycott si la mesure n’était pas annulée. Sonatel a répondu que ce « rééquilibrage » du partage du commissionnement permettrait au groupe d’investir davantage et de développer de nouvelles activités rémunératrices. Une explication qui, pour l’instant, ne semble pas satisfaire les intéressés.