Le 26 mai dernier, l’association Greenpeace a alerté les actionnaires de Total sur les risques qu’un projet d’exploration pétrolière du groupe français faisait courir à un récif corallien unique au monde au large des côtes nord du Brésil (Amazon Reef, voir IE n° 260). Le 3 juillet, c’est aux investisseurs financiers que l’ONG s’est cette fois adressée (Investor Briefing) pour souligner les risques financiers et de réputation qui pèsent sur la compagnie avec ce projet. Dans ce document, l’association suggère des questions que les investisseurs pourraient adresser à Total et à BP (également impliquée dans ce projet) et souligne plusieurs aspects qui, selon elle, remettent largement en question la mise en œuvre : le récif est encore peu documenté (5 % seulement à ce jour selon la communauté scientifique) ; l’étude d’impact environnemental transmise aux autorités par Total en 2015, ainsi que les autres documents clés fournis ultérieurement ne font pas référence au récif ; la compagnie n’a toujours pas répondu à toutes les requêtes exprimées par l’agence environnementale brésilienne (Ibama) ; l’entreprise ne dispose pas de dispositif de confinement dans la région. En cas d’accident, l’acheminement sur place du dispositif commun à l’industrie demanderait au moins dix jours ; la probabilité de découvrir des hydrocarbures commercialement exploitables est très faible (sur les 95 tentatives menées dans la région depuis les années 70, aucune n’a abouti à des résultats exploitables) ; le cabinet Wood Mackenzie estime que le seuil de rentabilité nécessaire pour développer un projet en eau ultra-profonde en respectant les plus hauts standards de santé et de sécurité s’inscrit dans une fourchette comprise entre 85 et 100 dollars le baril, loin de l’estimation annoncée par Total pour ce projet (entre 40 et 60 dollars).