Les prises de position publiques de la part d’entreprises en faveur d’associations activistes dans le cadre des litiges qui opposent ces dernières à d’autres entreprises ne sont pas chose courante. En novembre 2013, Greenpeace avait sollicité six sociétés françaises implantées en Russie afin qu’elles interviennent dans la libération de l’équipage de l’Arctic Sunrise, arrêté par les garde-côtes russes dans la mer de Barents. Sans résultat. En septembre 2012, feu Christophe de Margerie, président de Total, avait déclaré dans une interview au Financial Times que « du pétrole au Groenland serait un désastre ». Le patron du groupe français se démarquait alors ostensiblement de plusieurs de ses confrères. Mais sans les nommer. En 1995, après l’annonce de la reprise des essais nucléaires français dans le Pacifique, les professionnels du Beaujolais avaient diffusé des encarts publicitaires pour marquer leur désaccord. Mais cela faisait suite à une campagne de boycott qui enflait en Europe. Aussi, dans la lettre qu’il a publiée sur le site de son groupe le 8 juin, le président d’Hachette Livre va-t-il plus loin en s’interrogeant, en tant qu’« éditeur » et « citoyen », sur « la virulence de [la] réaction [de la société canadienne Résolu] à Greenpeace ». Cette démarche pourrait inciter à penser qu’il existe des synergies inexploitées entre ONG et entreprises pour faire progresser les valeurs environnementales.