Lors de l’assemblée générale de la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell du 23 mai, les actionnaires ont rejeté à près de 94 % un projet de résolution sur la politique climatique du groupe présenté par une coalition d’actionnaires. Celle-ci demandait à l’entreprise de se fixer des objectifs de réduction des émissions de GES pour les accorder à l’objectif de la COP21 de limiter le réchauffement climatique nettement au-dessous de 2 °C, et ce en s’inspirant des objectifs fixés par les contributions nationales des Etats ou préconisés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Les actionnaires ont été sensibles aux arguments du conseil d’administration qui, en dépit de son soutien à la conférence de Paris, estime que de tels objectifs ne feraient que réduire la compétitivité de l’entreprise au profit de ses concurrents. C’est donc un scénario inverse par rapport à celui de l’assemblée générale du pétrolier américain Occidental Petroleum, dont les actionnaires ont, avec le soutien de la société de gestion BlackRock, accepté une résolution portant sur les risques climatiques auxquels était exposée l’entreprise malgré l’opposition des dirigeants (voir IE n° 259).
En revanche, lors de l’assemblée générale d’ExxonMobil (31 mai), les actionnaires ont voté en faveur d’un projet de résolution non soutenu par la direction demandant à la compagnie de publier annuellement une évaluation de l’impact qu’une réduction de la demande en hydrocarbures résultant d’engagements pris par les Etats sur les émissions de carbone pourrait avoir sur son portefeuille de réserves d’ici à 2040 et au-delà. Soutenus par des investisseurs comme BlackRock et Vanguard, qui détiennent respectivement 6 % et 7,2 % du capital du géant pétrolier, mais aussi par des sociétés européennes comme Aviva Investors et Axa IM, le projet a recueilli 62,1 % des suffrages alors que le même projet n’avait recueilli que 38,1 % des voix en 2016. Un autre projet de résolution demandant à la société de publier un rapport sur les actions qu’elle mène pour limiter les rejets de méthane dans le cadre de ses opérations de fracturation hydraulique, ainsi que sur les résultats obtenus, a, de son côté, été rejeté avec 61,3 % des suffrages. La direction avait au préalable répondu aux motivations formulées par les actionnaires qu’elle apportait déjà une réponse à cette demande dans ses différents documents. Notons également qu’un projet de résolution réclamant à la compagnie un rapport sur ses activités de lobbying a obtenu 27,5 % des voix.