Des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et de l’université d’Harvard ont conduit pendant deux ans une étude sur l’impact des modes de nomination et de rémunération des auditeurs. Depuis 1996, l’Etat du Gujarat, situé dans l’ouest de l’Inde, a instauré un système de contrôle des rejets atmosphériques et aquatiques de ses industries. Traditionnellement, le GPCB (Gurajat Pollution Control Board) recueille annuellement les rapports établis par des sociétés d’audit choisies et payées par les entreprises auditées. L’étude a comparé les résultats obtenus par cette méthode à un autre dispositif, qui consiste à affecter arbitrairement des auditeurs rémunérés par un pot commun. L’expérience a notamment mis en évidence que lorsque les audits étaient effectués selon la méthode traditionnelle, 75 % d’entre eux présentaient des rejets tout juste au-dessous de la limite légale, alors que lorsqu’ils étaient réalisés selon la nouvelle méthode, la proportion chutait à 19 %. De plus, 20 % des entreprises auditées avec l’une ou l’autre méthode ont fait l’objet d’un deuxième contrôle, uniquement réalisé cette fois avec la nouvelle méthode. Les résultats ont montré que dans les cas où les premiers audits avaient été élaborés avec la méthode d’affectation arbitraire, le nombre de rapports présentant des conclusions fausses quant aux émissions de substances polluantes était de 80 % inférieur à ceux résultant de la méthode classique. Dans leurs conclusions, les auteurs élargissent leurs doutes quant à la fiabilité des résultats d’audit sur l’ensemble des méthodes consistant à autoriser la sélection et la rémunération de l’auditeur par l’entreprise auditée.