Les problématiques liées aux droits humains sont de plus en plus souvent prises en compte au niveau de la responsabilité sociétale des entreprises, mais elles restent encore difficiles à cerner tant leur champ est large. La question se pose notamment de manière récurrente pour toute contribution économique et financière à des régimes peu recommandables (cela a été le cas, par exemple, avec l’exploitation minière et pétrolière dans des pays comme l’Afrique du Sud, la Birmanie ou le Soudan) ou pour la livraison de matériel ou de technologies susceptibles d’être utilisés pour restreindre ou violer les droits et libertés des personnes et des communautés (armes à l’Irak dans les années 80 ou à l’Indonésie dans les années 90, technologies de surveillance…). Elle est aussi régulièrement soulevée dans le cadre de la problématique des territoires occupés de Palestine (construction et exploitation d’une ligne de tramway par les sociétés Veolia et Alstom à Jérusalem, destruction d’habitations et construction du mur d’enceinte avec du matériel Caterpillar…). Avec l’intervention militaire israélienne dans la bande de Gaza, le sujet a pris de l’ampleur. Une ONG basée à Tel-Aviv (Who Profit) vient de publier une étude dans laquelle elle passe en revue onze fabricants de matériel lourd qui participent, selon elle, au renforcement de l’occupation des territoires palestiniens par Israël par le biais de quatre mécanismes : destruction d’habitations, utilisation d’engins à des fins militaires, implantation de colonies, construction du mur d’enceinte et de points de contrôle.