La Commission européenne a annoncé le 2 juillet 2025 qu’elle conservait son ambition de réduire les émissions nettes de GES de la zone de 90 % d’ici 2040, par rapport aux niveaux de 1990. Mais cette proposition d’amendement à la loi climatique européenne de 2021 introduit aussi des éléments de flexibilité contestés.
À partir de 2036, les pays de l’Union pourront utiliser les crédits carbone hors UE prévus à l’article 6 de l’accord de Paris, et ce jusqu’à 3 % de l’objectif. Pour les ONG environnementales, cela revient à se défausser de ses responsabilités et à miser sur des dispositifs dont la qualité est aujourd’hui très controversée, même si le commissaire au climat, Wopke Hoekstra, a précisé que ces crédits devront être de « haute qualité » et avoir fait l’objet de certifications.
Les pays pourront aussi procéder à des arbitrages entre les secteurs. Cela aidera certaines activités dont les émissions sont difficiles à réduire à être compensées par celles dont les performances sont meilleures. Mais, pour les associations, cela entraînera une réduction des efforts dans les secteurs problématiques alors que, au contraire, il faudrait les multiplier. Par ailleurs, il n’est pas certain que les « bons élèves » puissent indéfiniment neutraliser les défaillances des « mauvais ».
Enfin, la réduction de 90 % ne fait pas la distinction entre les réductions d’émissions réelles et le captage de carbone. Cela crée un manque de transparence dangereux. Cette nouvelle mouture de l’objectif européen proposé par la Commission va être soumise au Parlement et au Conseil pour discussion et adoption.
Les associations réclament des objectifs plus ambitieux et plus clairs. En premier lieu, elles exhortent le Parlement européen et les États membres à exiger l’adoption de trois objectifs distincts : réduction des émissions brutes, absorptions industrielles et séquestrations naturelles, afin de garantir clarté et transparence. Elles refusent les compensations, insistant sur le fait que la neutralité climatique doit être atteinte par des actions nationales. Aider les pays tiers à réduire leurs émissions est important, mais cela devrait s’ajouter aux efforts de décarbonation de l’Europe. Elles demandent aussi un ensemble de politiques justes pour garantir l’équité entre les secteurs et aligner les efforts climatiques sur les priorités sociales et environnementales.
