Aux États-Unis, les investissements dits propres résistent à la conjoncture mais souffrent

Le 30 mai 2025, le secrétaire américain à l’Énergie Chris Wright a déclaré avoir annulé 3,7 milliards de dollars de subventions destinées à des projets d’énergie propre. Les 24 subventions concernées avaient en grande partie été accordées durant les derniers mois du mandat de Joe Biden, et étaient principalement destinées à des programmes de captage et de stockage souterrain des émissions de CO2. D’autres initiatives portent sur le ciment propre, le gaz naturel, etc. Cette déclaration fait suite à d’autres annonces du ministère, un peu plus tôt dans le mois, quant à l’examen des attributions de financement portant sur 179 projets dont l’ensemble représente plus de 15 milliards de dollars.

Chris Wright s’est engagé à réaliser des dépenses « responsables » et à s’aligner sur la demande faite par le ministère de l’Efficacité gouvernementale (Department of Government Efficiency, DOGE) de rechercher l’efficacité et la réduction des coûts. Il reprend les arguments gouvernementaux selon lesquels l’administration précédente n’aurait pas mené d’examen financier approfondi avant d’engager l’argent des contribuables, alors que l’administration Trump ferait preuve de diligence pour s’assurer que cet argent est utilisé pour renforcer la sécurité nationale, soutenir l’accès à des sources d’énergie abordables et fiables et faire avancer des projets qui génèrent le retour sur investissement le plus élevé possible.

Cette annonce s’inscrit dans un contexte morose pour le secteur des énergies propres aux États-Unis. E2 (Environmental Entrepreneurs) est un réseau non partisan de chefs d’entreprise, d’investisseurs et de professionnels étatsuniens « qui militent en faveur de politiques judicieuses, bénéfiques pour l’économie et l’environnement ». L’organisation revendique environ 11 000 membres. Le 29 mai, E2 a publié une étude dans laquelle elle fait ressortir que les entreprises ont annulé ou retardé plus de 14 milliards de dollars d’investissements dans des projets d’énergie propre aux États-Unis depuis le début de 2025. La plus importante des annulations a été annoncée en avril par le syndicat United Auto Workers : selon lui, Stellantis abandonnerait son projet d’usine de batteries de 3,2 milliards de dollars, que l’entreprise prévoyait d’adosser à une gigantesque usine d’assemblage à Belvidere, dans l’Illinois.

Même s’il traverse des turbulences, le secteur semble toutefois faire preuve d’une certaine résilience. Le Clean Investment Monitor (CIM), un projet du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et du cabinet de conseil Rhodium Group, suit, par trimestre, les dépenses d’investissement propre réelles pour tous les projets propres. Il intègre également dans ses statistiques les dépenses de consommation. Pour le premier trimestre 2025, le CIM note un montant de dépenses s’élevant à 67,3 milliards de dollars, soit une augmentation de 6,9 % par rapport à la même période en 2024. Les achats de technologies d’énergie propre par les ménages et les entreprises ont clairement été le moteur des investissements début 2025. Ce chiffre est cependant en recul de 3,8 % par rapport au quatrième trimestre 2024. Il s’agit de la deuxième baisse consécutive après une croissance ininterrompue depuis 2021.