Les prises de position des acteurs économiques vis-à-vis de l’intervention israélienne à Gaza semblent se durcir

Les campagnes de boycott ont des effets mitigés en matière d’impact économique sur les entreprises ciblées. Les actions affectent surtout leur image, ce qui, à long terme, peut toutefois avoir des conséquences sur leur performance économique. Par ailleurs, l’ampleur des campagnes peut varier en fonction des zones géographiques où elles ont lieu et des sujets à l’origine des mouvements. Les sociétés qui ont des activités en lien avec Israël font partie de celles qui sont les plus exposées, pour des raisons historiques (relations commerciales avec ou dans les territoires occupés) et à cause de la guerre menée dans la bande de Gaza par le gouvernement de Benyamin Netanyahou.

Mais même dans ce cas, la question de l’impact des boycotts se pose. Selon un article de l’agence de presse palestinienne Sada daté du 7 septembre 2025, les effets commenceraient à se faire ressentir. L’article s’appuie sur les observations d’un professeur d’économie de l’université de Bahçeşehir (Istanbul), Burak Doğan. Celui-ci constate que le cours des actions des entreprises boycottées a connu des baisses allant jusqu’à 15 %, que leur croissance a été cassée dans certains pays comme la Turquie et que plusieurs compagnies se mettent à évoquer les campagnes de boycott dans leurs rapports annuels. Burak Doğan a participé à la rédaction d’un rapport sur les dimensions financières, sociales et juridiques des boycotts pour le Centre de recherche en économie islamique de la Fondation Ilke (Istanbul), publié en anglais le 13 août dernier.

Les prises de position économiques ne sont pas uniquement localisées dans les pays musulmans proches d’Israël. Le 2 septembre, le directeur financier de l’agence de voyages espagnole eDreams ODIGEO, David Elizaga, a ainsi annoncé que la plate-forme avait bloqué, et continuerait de le faire, les annonces de logements dans les colonies israéliennes illégales situées dans les territoires palestiniens occupés.

La chaîne de cosmétiques britannique Lush a été plus loin en fermant tous ses magasins au Royaume-Uni (une centaine dans le pays) ainsi que son site internet le 4 septembre. Sur les vitrines des magasins fermés, on pouvait lire : « Arrêtez d’affamer Gaza, nous sommes fermés en signe de solidarité. » Le personnel a été payé durant cette journée. L’entreprise, qui exhorte le gouvernement britannique à agir pour mettre un terme « à la mort et la destruction » et aux ventes d’armes à Israël, a déclaré qu’elle se privait d’une journée de recettes et que le gouvernement britannique perdait une journée de contributions fiscales de la part de la société et de ses clients.