La capture du carbone dans l’air fait partie des solutions mises en avant pour répondre aux défis que posent les rejets de gaz à effet de serre. Mais cette approche ne convainc pas tout le monde. Certains observateurs estiment que ces technologies ne sont pas fiables, que les coûts sont encore trop prohibitifs et que leurs effets seront marginaux au regard des volumes de CO2 émis. Selon les spécialistes, la quantité de carbone capturée dans l’atmosphère pourrait atteindre 1 million de tonnes en 2025. Cela reste insignifiant par rapport aux quelque 37 milliards de tonnes rejetées chaque année.
Quand bien même les progrès permettraient d’atteindre des volumes d’extraction de carbone conséquents, il faudrait pouvoir les stocker. Pour cela, les gouvernements et les industriels misent sur la capacité des réservoirs souterrains. Le stockage du dioxyde de carbone dans des réservoirs souterrains a été présenté par des gouvernements et des industriels comme un moyen d’atteindre la neutralité carbone sans ralentir l’utilisation des combustibles fossiles. La littérature scientifique évalue le potentiel technique de stockage géologique mondial du carbone entre 10 000 et 40 000 gigatonnes (GT) de CO2. L’industrie, quant à elle, estime cette capacité à environ 14 000 GT.
Des chercheurs de plusieurs universités européennes et étatsuniennes ont voulu approfondir ces hypothèses et ont publié, le 3 septembre 2025, les résultats de leurs recherches dans la revue Nature. Selon eux, si l’on exclut toutes les zones exposées à des facteurs de risque tels que la proximité de grandes villes, les paysages écologiquement sensibles ou les régions sujettes aux tremblements de terre, la capacité de stockage géologique disponible serait seulement de 1 460 GT à l’échelle planétaire. Ainsi révisée, cette capacité devient une ressource qu’il faut gérer soigneusement. En conséquence, les scientifiques estiment que ces réservoirs devraient être accordés en priorité aux techniques de captage dites à « émissions négatives », comme le captage direct de l’air, plutôt que de simplement servir à atténuer les émissions des centrales thermiques, à l’image des centrales à charbon. Certains scientifiques pensent cependant que le niveau d’exigence pris en compte par l’équipe de chercheurs est exagéré.