Aux États-Unis, les chefs d’entreprise s’inquiètent de la dérive autocratique politique, mais se taisent par peur des représailles

Les fonds spéculatifs (hedge funds) n’ont pas bonne presse dans les milieux constituant la société civile. Ils personnifient une forme de capitalisme intensif incompatible avec les valeurs de développement. Ray Dalio est un investisseur, fondateur de l’un des plus importants fonds spéculatifs mondiaux (Bridgewater Associates). Le milliardaire étatsunien s’est exprimé le 2 septembre 2025 dans une interview accordée au Financial Times au sujet de la situation politico-économique aux États-Unis.

Ce dernier s’inquiète de l’avenir à court terme de l’économie américaine. La dette du pays a atteint un niveau jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale et devrait continuer à augmenter pour aboutir à une forme de « crise cardiaque imminente induite par la dette ». Il est également soucieux de l’intervention croissante du gouvernement dans l’économie (sur la gouvernance de la réserve fédérale, de certaines grandes entreprises…) et la qualifie d’exemple de « leadership autocratique puissant » qui s’apparente au glissement vers l’autoritarisme économique des années 1930 et 1940.

Par ailleurs, Ray Dalio pense que les chefs d’entreprise et les investisseurs n’osent pas s’exprimer par crainte de représailles politiques ou économiques. Cela entrave le dialogue nécessaire pour résoudre les crises économiques avant qu’elles ne surviennent. Selon lui, l’interaction de cinq forces va entraîner « des changements considérables et inimaginables au cours des cinq prochaines années ». Il s’agit : du cycle de la dette ; des graves problèmes politiques internes aux pays ; des problèmes géopolitiques préoccupants entre nations ; des catastrophes naturelles majeures (sécheresses, inondations, pandémies et surtout changement climatique) ; et des conséquences majeures des nouvelles technologies sur l’humanité (particulièrement celles de l’intelligence artificielle).