Le 18 août, la junte birmane a déclaré que des élections débuteront dans le pays le 28 décembre 2025. Il s’agira de la première phase des élections générales démocratiques multipartites (chambres haute et basse, parlements régionaux et étatiques…) annoncées depuis longtemps par le régime. Les dates des phases ultérieures seront annoncées plus tard. Ce n’est pas la première fois que la junte organise des élections. Cela a été le cas en 1988, 2015 et 2020. À chaque fois, l’opposition l’a emporté avec une écrasante majorité. Mais l’armée a systématiquement récupéré le pouvoir. En 1988, elle n’a pas validé les résultats. Le 1er février 2021, elle a renversé le gouvernement en place. Cette fois, les militaires veulent (encore plus) assurer le coup : en écartant les principales forces d’opposition du scrutin ; en renforçant lourdement les sanctions et leur rapidité d’exécution pour toute personne qui perturberait les élections (prison, peine de mort) ; en multipliant les offensives militaires dans les régions et États contrôlés par les différentes rébellions ; en accentuant la répression à l’encontre des contestataires.
Avec l’appui de puissants alliés comme la Chine, mais aussi des technologies occidentales, la junte a récemment remporté plusieurs victoires militaires sur les forces dissidentes. Celles-ci contrôlent une grande partie de la Birmanie (Myanmar) et, pour la plupart, elles se sont engagées à faire obstacle aux élections dans leurs enclaves. Le 1er août, le nouvel organe directeur du régime, la Commission nationale de sécurité et de paix (National Security and Peace Commission, NSPC), a également suspendu les principales lois sur la protection de la vie privée, donnant à nouveau aux autorités le pouvoir de perquisitionner les domiciles et d’arrêter les suspects, sans mandat ni témoins. Les communications privées pourront aussi être interceptées via les fournisseurs de téléphonie mobile et d’Internet, et les correspondances saisies et détruites.
Ce nouveau contexte réglementaire permet au régime d’arrêter et de détenir des citoyens à sa guise. Il n’a cependant pas attendu ces décisions pour exercer une répression impitoyable. Le 25 juillet, Myo Myo Aye, dirigeante du Syndicat de solidarité du Myanmar (STUM) et défenseuse des droits humains, ainsi que d’autres membres du STUM, dont sa fille, Chue Thwel, ont été menacés, arbitrairement arrêtés et détenus sous des chefs d’accusation inconnus et en dehors de toute procédure régulière. Selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques, le régime aurait déjà emprisonné environ 30 000 opposants. Elle estime aussi que plus de 7 000 civils ont été assassinés. Parmi eux, Ma Wutt Yee Aung, 26 ans, une jeune étudiante militante, décédée le 20 juillet 2025 dans la prison d’Insein à la suite des mauvais traitements subis dans un centre d’interrogatoire.
De nombreux observateurs internationaux qualifient ces élections de mascarade. Pour la Confédération internationale des syndicats (CSI), il ne s’agit que d’« une fraude stratégique pour déguiser la dictature militaire en régime démocratique ». La plupart des acteurs de la société civile pensent que le chef de la junte et auteur du coup d’État de 2021, le général Min Aung Hlaing, conservera son pouvoir à l’issue du scrutin.