La troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC) s’est achevée le 13 juin 2025 à Nice. Elle a ouvert des perspectives sur de nombreux sujets (protection de la biodiversité, exploitation des ressources minérales, pêche, pollution aux plastiques, sécurité et conditions de travail en mer…). Elle a aussi fait naître des attentes et suscité quelques déceptions.
Le traité sur la haute mer (Biodiversity Beyond National Jurisdiction, BBNJ) en sort renforcé. Cet accord adopté en 2023 a pour objet de protéger la biodiversité dans les eaux internationales. Pour qu’il entre en vigueur, 60 pays doivent l’avoir ratifié au plus tard le 20 septembre 2025. À l’issue de l’UNOC, 50 États avaient déposé leurs instruments de ratification de l’accord, 5 États supplémentaires avaient achevé leur processus national de ratification et 12 autres s’étaient engagés à déposer leurs instruments de ratification au plus tard lors de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies de septembre 2025. En outre, entre le début et la fin de la conférence, la superficie protégée de l’Océan serait passée de 8,4 % à 10 % grâce à la mobilisation de 14 États.
Les États ont réaffirmé le rôle central de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) pour encadrer les activités liées aux ressources minérales dans les zones situées au-delà des juridictions nationales. L’AIFM clôturera sa 30e session fin juillet. Par ailleurs, 37 pays ont confirmé ou rejoint l’accord visant à imposer un moratoire à l’exploitation minière des grands fonds marins. Ils rappellent qu’il est nécessaire d’explorer d’abord les écosystèmes en eau profonde avant d’envisager d’exploiter leurs ressources.
Plusieurs États ont pris des engagements pour combattre les méthodes de pêche destructrice. C’est le cas du Danemark et du Royaume-Uni qui ont annoncé l’interdiction du chalutage de fond dans 50 % de leurs aires marines protégées (AMP). Ces engagements sont malheureusement loin d’être généralisés. La pêche illégale est aussi un fléau et touche notamment les côtes des pays émergents. Aujourd’hui, 103 États ont ratifié l’accord dit « Fish 1 » de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui mettra fin aux subventions à la pêche illégale.
La dernière phase des négociations sur le traité contre la pollution au plastique se déroulera en août 2025 à Genève. La séquence précédente s’est achevée le 1er décembre 2024 à Busan (Corée du Sud) sans consensus entre les participants. Afin de susciter un élan international en faveur d’un traité mondial, 96 pays ont signé à Nice une déclaration intitulée « Nice wake up call for an ambitious plastics treaty ». Cette mobilisation demande notamment l’inclusion de mesures contraignantes dans le traité et la réduction de la production de plastique.
En ce qui concerne la sécurité à bord des navires de pêche, 23 pays ont désormais ratifié l’accord « du Cap » de l’Organisation maritime internationale (OMI) relatif à la sécurité à bord des navires de pêche. Celui-ci entrera en vigueur 12 mois après la date à laquelle la flotte des États l’ayant ratifié atteindra un total de 3 600 bâtiments éligibles. L’engagement de plusieurs pays lors de l’UNOC devrait permettre une entrée en vigueur effective à la fin de l’année 2025. Par ailleurs, de nouveaux États (Belgique, Côte d’Ivoire) se sont engagés à garantir des conditions de travail décentes pour les travailleurs du secteur de la pêche en endossant la convention no 188 de l’Organisation internationale du travail (OIT). Cela porte à 24 le nombre de pays l’ayant ratifiée.
Quelques financements ont été promis pour développer une économie bleue durable (philanthropes, entreprises, investisseurs privés, banques publiques). Les entreprises s’engagent à prendre en compte les risques et opportunités liés à l’Océan, à divulguer leurs impacts sur l’environnement marin, à investir dans des solutions favorables à l’Océan et à soutenir une transition juste. Enfin, plusieurs programmes scientifiques, de recherche ou de coopération ont été annoncés (Mission Neptune, Alliance Space4Ocean, Mercator International Centre for the Ocean, Baromètre Starfish, Plateforme internationale pour la durabilité de l’Océan…).
Cette mise en mouvement a été prometteuse pour certains, apathique pour d’autres. Quoi qu’il en soit, elle subira ses premières épreuves du feu dans les prochaines semaines : lors de l’Assemblée générale des Nations unies de septembre 2025 pour le traité sur la haute mer, durant la 30e session de l’AIFM fin juillet, lors de la dernière phase des négociations sur le traité contre la pollution au plastique en août 2025 à Genève et au cours de la COP1 sur l’Océan en 2026.