En Inde, les protestations de communautés autochtones aboutissent à l’annulation d’un prêt de la BAD pour la réalisation d’une ferme solaire

Le 24 octobre 2024, la Banque asiatique de développement (BAD) a approuvé un prêt de 434,25 millions de dollars (BAD no 57077-001) pour la réalisation d’un projet photovoltaïque de 500 MW en Assam (Assam Solar Park), dans le nord-est de l’Inde. Le projet est une coentreprise entre Assam Power Generation Corporation Limited (APGCL) et Oil India Limited (OIL). Il doit être déployé sur les terres des peuples autochtones du Conseil autonome de Karbi Anglong (KAAC). Il couvrira environ 2 400 hectares que le KAAC a accepté d’attribuer à l’APGCL. Ces terres comprennent principalement des terres agricoles, forestières et coutumières. Environ 92 % de cette superficie appartiennent au KAAC. Les 8 % restants sont des terres coutumières appartenant aux peuples autochtones, notamment aux tribus karbi et naga.

Mais le 23 mai 2025, la BAD a annulé ce prêt. Cette décision fait suite à une campagne menée par le Comité des droits des personnes affectées par le projet d’énergie solaire de Karbi Anglong, qui représente plus de 20 000 familles karbis, nagas et adivasis menacées d’être déplacées de leurs terres ancestrales par ce projet.

Les communautés, protégées par la sixième annexe de la Constitution indienne, ont affirmé que la BAD n’avait pas obtenu le consentement préalable, libre et éclairé (CPLE) des populations. En effet, celle-ci n’a tenu des consultations que dans 9 des 23 villages concernés et a exclu des milliers de personnes du processus. Des documents clés, comme l’examen environnemental initial et le plan de réinstallation des populations autochtones, n’ont pas été rendus publics ni traduits dans les langues locales, empêchant l’accès à des informations cruciales. Les membres des communautés ont également signalé des intimidations, des menaces et des revendications foncières frauduleuses de la part d’étrangers en quête d’indemnisation. Le projet présentait aussi de graves risques sexistes et culturels. Les femmes jouent un rôle central dans l’agriculture et les moyens de subsistance des communautés. Or, elles étaient dépossédées de leurs terres et de leurs revenus. La perte de terres menaçait également de démanteler les systèmes de savoirs traditionnels, de rompre les liens culturels et de déconnecter les communautés de leurs espaces sacrés.