Le 20 mai 2025, le P.-D.G. de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a déclaré que son groupe avait l’intention de relancer son très controversé projet gazier offshore Mozambique LNG d’ici l’été prochain. Mais le projet de TotalEnergies n’est pas le seul à être mis en œuvre dans la zone. La major italienne ENI intervient aussi dans le secteur (bloc 4). Le groupe exploite déjà la partie sud du champ Coral (Coral Sul), et le gaz extrait est liquéfié à partir d’une usine de liquéfaction flottante (Coral Sul FLNG).
Le Mozambique a approuvé le 8 avril 2025 le plan de développement de la deuxième plate-forme flottante de gaz naturel liquéfié d’ENI, Coral Norte. Le projet, évalué à environ 7,2 milliards de dollars, devrait démarrer sa production au cours du second semestre 2028. Mais le 29 mai, l’association mozambicaine Justiça Ambiental! (JA!) et des jeunes militants sud-coréens pour le climat, notamment l’Action d’urgence climatique des jeunes (YCEA), ont intenté une action en justice contre la Banque d’import-export de Corée (KEXIM) et la Korea Trade Insurance Corporation (K-SURE). Cette action vise à empêcher ces institutions de prendre des décisions d’investissement définitives ou de soutenir financièrement le projet Coral Norte.
Les deux institutions ont déjà financé environ 1,8 milliard de dollars dans le cadre du projet Coral Sul. Elles envisageraient d’accorder 1,9 milliard de dollars supplémentaires à Coral Norte sous forme de prêts et de garanties. Les accords financiers doivent, en principe, être finalisés au cours du premier semestre de cette année. Les associations précisent que Coral Norte devrait produire 3,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an. Sur la durée de vie du projet, les émissions de GES résultant de l’utilisation du gaz extrait sont estimées à 489 millions de tonnes d’équivalent CO2. Les ONG ajoutent que soutenir des projets comme Coral Norte est incompatible avec l’objectif mondial de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C et va à l’encontre des engagements internationaux de la Corée du Sud en matière de climat.
Les requérants affirment aussi que tout soutien financier au projet viole les obligations constitutionnelles et légales de la Corée, met en péril les droits environnementaux aux échelles mondiale et locale, contribue à des dommages climatiques irréversibles sans justification d’intérêt public pertinente.